Législatives au Canada : les indépendantistes du Bloc québécois triplent leur score
Le Bloc québécois a triplé son score lors des législatives canadiennes en obtenant 32 députés. Son chef, Yves-François Blanchet, s’est dit prêt à collaborer avec le gouvernement du libéral Justin Trudeau.
Le mouvement indépendantiste a retrouvé sa «fierté» aux élections législatives canadiennes du 21 octobre, avec le retour en force du Bloc québécois (BQ). Le parti d’Yves-François Blanchet a plus que triplé sa représentation à la Chambre des communes du Canada, en remportant 32 des 78 sièges correspondant aux circonscriptions du Québec. Le BQ, créé en 1991 pour «défendre les intérêts du Québec à Ottawa», ne présentait des candidats que dans la province francophone.
Le parti indépendantiste, que certains commentateurs considéraient mort et enterré il y a tout juste six mois, a amélioré son score dans pratiquement toutes les circonscriptions québécoises.
Au total, selon les projections du 22 octobre au matin, les libéraux du Premier ministre Justin Trudeau décrochent une majorité relative de 156 sièges sur 338 à l'assemblée. Les conservateurs obtiennent un peu plus de 120 sièges, et le Nouveau parti démocratique, de gauche, 24. Pour gouverner, les libéraux devront donc compter sur un appui extérieur à leurs rangs.
Que veut le Bloc québécois ?
Bien qu'indépendantiste, le BQ a surfé lors de la campagne sur les revendications du gouvernement «autonomiste» du Premier ministre québécois François Legault. Ainsi, le parti fait siennes ses propositions en matière d'immigration et d'impôts.
Le Bloc québécois capitalise également sur la récente «loi sur la laïcité de l'Etat» québécois, adoptée en juin dernier, qui interdit aux fonctionnaires en position d'autorité ainsi qu'aux enseignants du réseau public le port de signes religieux dans leurs fonctions. Décriée dans le reste du Canada comme «anticonstitutionnelle» voire «raciste», cette loi est très populaire au Québec, surtout chez les francophones qui comptent pour 80% de la population.
Le Bloc québécois a fait de la défense de cette législation l'un de ses principaux chevaux de bataille dans la campagne, pendant que ses rivaux louvoyaient ou n'écartaient pas de la contester devant la Cour suprême, comme Justin Trudeau.
«La laïcité s'est inscrite [comme thème] au même moment où on faisait la campagne. Cela fait aussi partie de notre ADN», a fait valoir Louise Chabot, la candidate du Bloc, une infirmière retraitée qui présidait jusqu'à l'année dernière l'un des principaux syndicats du Québec.
Le BQ prêt à collaborer avec n'importe quel gouvernement
Le BQ partait pourtant de loin. Lorsqu'il était devenu chef du parti en janvier dernier, Yves-François Blanchet, 54 ans, ancien ministre et ex-analyste politique à la télévision, avait même comparé la formation à un «cadavre».
Après avoir monopolisé à partir de 1993 la représentation du Québec à Ottawa, le Bloc, parti de centre-gauche, avait été laminé aux élections de 2011, passant de 49 à 4 députés, avant de remonter à 10 en 2015, deux de moins qu'il n'en fallait pour retrouver son statut de groupe officiel à Ottawa.
Toutefois, le chef bloquiste a prévenu qu’il ne participerait pas à un gouvernement de coalition. Il est cependant prêt à travailler avec n’importe quel gouvernement, sans jamais «compromettre les valeurs québécoises» que sont la défense du français et de la laïcité.
«Si le gouvernement est parlable [raisonnable], le Bloc québécois sera parlable, sauf s’il s’agit de passer davantage de pétrole à travers le Québec», a lancé Yves-François Blanchet devant quelques centaines de militants enthousiastes au Théâtre national de Montréal, tard le soir du 21 octobre.
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