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Un millier de soldats américains vont quitter le nord de la Syrie, selon le chef du Pentagone

Le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, a annoncé que «moins» de 1 000 soldats s’apprêtaient à évacuer le nord de la Syrie. Le Pentagone veut éviter aux forces américaines dans la région d'être prises entre les feux turcs et kurdes.

Interviewé ce 13 octobre dans l’émission Face The Nation sur CBS, le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, a annoncé que «moins» de 1 000 soldats américains «s’apprêt[aient] à évacuer» le nord de la Syrie «de manière aussi rapide et sûre que possible». Une annonce confirmant une déclaration récente du président américain Donald Trump. «Ces dernières 24 heures, nous avons appris que [les Turcs] avaient probablement l’intention d’étendre leur attaque vers le sud et l’ouest», a fait valoir Mark Esper.

Il a justifié ce retrait par le risque que les troupes américaines se retrouvent prises entre les feux turcs et kurdes. «Nous avons certainement des forces américaines prises entre deux armées ennemies qui progressent, et c’est une situation intenable», a souligné le chef du Pentagone, expliquant avoir «discuté avec le président […] qui a ordonné une retrait délibéré de nos forces du nord de la Syrie».

Le 11 octobre, dans un communiqué mis en ligne sur son site, le département de la Défense américain assurait que des troupes étasuniennes avaient été «touchées par des tirs d’artillerie depuis des positions turques» aux alentours de 21h, heure locale, dans la région de Kobané. Le lendemain, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, dans une déclaration à l'agence de presse étatique Anadolu, avait démenti l’information.

Le gouvernement américain critiqué sur le dossier syrien

Egalement présent sur le plateau de la chaîne Fox ce 13 octobre, Mark Esper s’est défendu d’avoir lâché ses alliés kurdes, notamment dans la lutte contre l’organisation terroriste Etat islamique. «Nous ne les avons pas abandonnés», a-t-il insisté, alors que des manifestations de soutien aux Kurdes étaient organisées le 12 octobre dans le monde entier pour protester contre l’intervention turque dans le nord de la Syrie.

En outre, le président américain Donald Trump a déclaré ce 13 octobre, toujours sur le réseau social, discuter avec «Lindsay Graham et beaucoup de membres du Congrès, dont des démocrates», au sujet de l'imposition «de lourdes sanctions contre la Turquie». Interrogé sur ce point le 13 octobre sur ABC, le secrétaire d’Etat américain au Trésor, Steven Mnuchin, a confirmé que le chef d'Etat l’avait «autorisé à paralyser l’économie turque […] à tout moment».

Ces annonces interviennent alors que les indépendantistes kurdes, qui contrôlent une partie du nord de la Syrie, ont fait état de la fuite d’un camp de réfugiés de près de 800 proches de djihadistes du groupe Etat islamique, qui ont profité selon ces mêmes autorités du chaos généré par l’offensive turque lancée par le président Recep Tayyip Erdogan le 9 octobre.

L'annonce, trois jours plus tôt, du retrait américain du nord de la Syrie, permettant aux forces turques d’intervenir, avait provoqué l'indignation aux Etats-Unis jusque dans les rangs des plus fidèles alliés républicains de Donald Trump, mais aussi, à l'étranger, auprès de ses partenaires occidentaux.

Alexis Le Meur

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