La Syrie se dit prête à «contrecarrer l'agression turque par tous les moyens légitimes»
Avant qu'Ankara ne lance son offensive contre une milice kurde en Syrie, Damas avait déclaré être prêt à la contrecarrer. Les forces kurdes se rapprochent de Damas et appellent Moscou à faciliter le dialogue avec le gouvernement syrien.
Depuis l'annonce du retrait de troupes américaines – alliées des milices kurdes – postées en Syrie, les réactions se multiplient en provenance de toutes les parties, augurant d'un changement rapide de la situation sur le terrain. Après les menaces d'intervention de la Turquie contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie, Damas a fermement répliqué ce 9 octobre, se disant prêt à défendre son territoire.
«La Syrie réitère sa détermination [...] à contrecarrer l'agression turque, et ce par tous les moyens légitimes», souligne ainsi une source du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué citée par l'agence de presse syrienne Sana. Dénonçant les «ambitions expansionnistes turques», le communiqué de la diplomatie syrienne condamne encore «les renforts militaires à la frontière».
Le texte souligne par ailleurs que les autorités syriennes font porter la responsabilité de ce qui est train de se passer à «certaines organisations kurdes», rappelant qu'elles les avaient averties de ne pas devenir «des outils au service de la politique américaine contre leur patrie». Toutefois, Damas se dit «disposé à accueillir dans son giron ses enfants égarés, s'ils retrouvent la raison».
Ces mises en garde n'ont pas empêche la Turquie, plus tard dans la journée du 9 octobre, de lancer son offensive dans le nord de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), baptisée Source de paix.
Les Kurdes appellent Moscou à faciliter le «dialogue» avec Damas
Les Kurdes ont instauré une autonomie de facto dans le nord du pays, à la faveur du conflit déclenché en 2011. Mais le retrait annoncé de leur allié américain les placent dans une situation délicate, entre la Turquie, qui considère les YPG, fer de lance des Forces démocratiques syriennes (FDS), comme une organisation terroriste, et leur pays hôte, la Syrie, duquel ils entendaient faire sécession.
Craignant une offensive turque, les Kurdes de Syrie ont donc appelé ce 9 octobre Moscou à jouer le rôle de garant dans un processus de dialogue avec le gouvernement syrien. L'administration semi-autonome kurde a ainsi déclaré dans un communiqué «espérer que la Russie jouera un rôle de soutien et de garant».
Un peu plus tôt dans la journée, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait lui-même appelé de ses vœux à la tenue d'un tel dialogue, soulignant l'importance de préserver l'intégrité du territoire syrien.
Poutine a appellé Erdogan à «évaluer la situation avec soin» avant de lancer une offensive
De son côté, lors d'un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine ce 9 octobre avant le lancement de l'opération militaire turque, le président turc Recep Erdogan avait assuré que celle-ci contribuerait à apporter «la paix et la stabilité» dans le pays, laissant ainsi peu de doute quant à ses intentions. «Lors de cet entretien, le président a déclaré que l'opération militaire prévue à l'est de l'Euphrate contribuera à la paix et à la stabilité de la Syrie et facilitera la voie vers une solution politique», avait précisé une source de la présidence turque à l'AFP.
Des arguments qui n'ont pas convaincu le président russe Vladimir Poutine, qui a demandé à son homologue d'«évaluer la situation avec soin» avant de lancer une offensive. «Vladimir Poutine a appelé ses partenaires turcs à bien réfléchir à la situation afin d'éviter de porter atteinte aux efforts communs visant à résoudre la crise syrienne», a indiqué le Kremlin dans un communiqué, publié après un entretien téléphonique entre les deux présidents. Des appels qui n'ont, visiblement, pas fait changer le président turc d'avis.