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Dassault Aviation livre à l'Inde son premier avion Rafale à Mérignac

Le groupe aéronautique français doit produire 36 avions Rafale à destination de l'Inde qui souhaite moderniser sa flotte et commander davantage d'appareils dans un contexte de tensions croissantes avec le Pakistan au Cachemire.

Le premier avion de chasse Rafale a été livré dans le cadre du contrat de vente avec l'Inde signé en 2016 pour 8,7 milliards de dollars, prévoyant la livraison de 36 avions. L'appareil a été produit sur le site de l'usine Dassault Aviation à Mérignac, près de Bordeaux. Une cérémonie s'est tenue sur place le 8 octobre, incluant le ministre indien de la Défense, Rajnath Singh et la ministre française des Armées, Florence Parly.

La contrat passé entre l'Inde et la France prévoit également que le site de Mérignac accueillera les vols de formation des pilotes indiens. Par la suite, les Rafale devraient intégrer la base aérienne d'Ambala, près de la frontière pakistanaise, et la base d'Hasimara, dans le Bengale-Occidental, à quelques encablures de la Chine.

Les relations franco-indiennes ont fait d'immenses progrès ces dernières années

Pour Rajnath Singh, «les relations franco-indiennes ont fait d'immenses progrès ces dernières années. «[Nous avons] hâte d'aller plus loin et d'approfondir ces liens», a-t-il ajouté. Au sommet du G7 à Biarritz, le 22 août, Emmanuel Macron a milité pour que l'Inde devienne un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU.

Les appareils seront munis de nouveaux missiles air-air Meteor, dont la portée serait d'une centaine de kilomètres. Les avions seront livrés à l'Inde sur un rythme d'une sortie d'usine par mois, sur 3 ans. De fait, le pays disposera de la totalité de sa commande en 2022.

Les discussions bilatérales entre la France et l'Inde sont restées soutenues dans l'affaire du Rafale. Le 22 août, durant le sommet du G7, la France a avancé l'idée d'un second contrat sur l'achat de 36 nouveaux Rafale qui viendraient s'ajouter à la flotte déjà commandée en 2016. Le 5 septembre dernier, Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation a confirmé ces rumeurs. Selon lui, «on [le groupe Dassault Aviation] s'est remis à travailler […] pour obtenir des contrats complémentaires en Inde».

Selon le quotidien économique indienThe Economic Times, le coût de l'opération avoisinerait les 6 milliards de dollars, soit bien moins que pour le contrat précédent, étant donné que l'Inde disposerait alors de ses propres infrastructures pour produire l'appareil sur place dans le cadre de la politique du make in India du Premier ministre indien Narendra Modi. Eric Trappier a, de son côté, déclaré : «Nous fabriquons en Inde, ça a déjà débuté, et ça va croître.»

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Nécessité de modernisation

Dans une déclaration à l'AFP, le général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d'état-major de l'armée de l'air française et expert auprès du Cabinet d'intelligence stratégique (CEIS), a affirmé : «L'aviation de combat est pour [l'Inde] un outil et un atout stratégique. Et, à ce titre, sa rénovation est à la fois politique et une grande priorité militaire.» 

Connaissant des tensions avec ses deux grands voisins, la Chine et le Pakistan, l'Inde a développé une doctrine militaire visant à être en mesure de soutenir simultanément deux conflits en cas d'attaques conjointes des deux nations.

Néanmoins, l'armée de l'air indienne est vieillissante, sous-équipée et inférieure à son grand voisin chinois. Elle aligne des Jaguar, des Mirage 2000, des Sukhoï 30 ou encore des Mig 21 et 27, et sa supériorité aérienne traditionnelle dans le sous-continent indien est, aujourd'hui, menacée.

Cette nécessité de modernisation fut particulièrement perceptible en août dernier, lorsque l'Inde a révoqué l'autonomie du Cachemire. Dans un contexte où les tensions très vives avec le Pakistan pourraient déboucher sur une guerre, l'achat des Rafale et la modernisation de l'armée indienne sont devenus une priorité pour Narendra Modi. 

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Accusations de corruption autour du contrat

Le contrat des Rafale a été décrié par certains en France. C'est ainsi que l'ONG Sherpa a déposé plainte, fin février 2018, à cause de soupçons de corruption et de trafic d'influence, en particulier autour du choix de Reliance. Le pureplayer Mediapart a dénoncé le financement partiel par Reliance, au moment de la finalisation de la vente, d'un film coproduit par Julie Gayet (Tout là-haut de Serge Hazanavicius avec Kev Adams), compagne du président François Hollande. Ce dernier s'est défendu de tout conflit d'intérêts, affirmant que la France n'avait «pas eu le choix» du partenaire indien de Dassault : «Nous n'avions pas notre mot à dire à ce sujet».

En Inde, l'opposition a accusé le gouvernement de Narendra Modi d'avoir favorisé Reliance Group, réputé proche du Premier ministre, au détriment de l'entreprise publique Hindustan Aeronautics Limited (HAL), et a réclamé l'ouverture d'une enquête. Néanmoins, la Cour suprême indienne a rejeté les appels à une investigation relative aux soupçons de corruption et de trafic d'influence.

Enfin, en avril 2019, Le Monde a révélé que France avait annulé en 2015 un redressement fiscal visant une entreprise française appartenant au groupe Reliance Communications, Reliance Flag Atlantic France, au moment où se négociait la vente des 36 avions de combat Rafale. Sollicitée par l'AFP, l'administration fiscale avait indiqué «ne pouvoir donner d'informations sur un dossier en particulier sans contrevenir à loi».

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