La Corée du Nord a tiré le 2 octobre au moins un projectile (un missile mer-sol balistique selon les informations de l'état-major sud-coréen), au lendemain de l'annonce par Pyongyang de la tenue de discussions de travail sur le nucléaire avec Washington, le 5 octobre.
Selon les autorités militaires sud-coréennes, dans la matinée du 2 octobre, le missile aurait parcouru 450 kilomètres en direction de la mer du Japon, à l'Est de la péninsule, et a volé à une altitude maximale de 910 kilomètres. Ce missile «pourrait être un Pukguksong», c'est-à-dire un missile mer-sol balistique (SLBM), lancé à partir d'un sous-marin développé par la Corée du Nord, selon la même source.
«De tels actes […] n'aident pas à apaiser les tensions dans la péninsule coréenne et nous l'exhortons une nouvelle fois [le gouvernement de Kim Jong-Un] à y mettre fin immédiatement», a ajouté l'armée sud-coréenne.
Le Pukguksong est un SLBM dont le premier essai réussi avait eu lieu le 24 août 2016. Il avait volé sur 500 kilomètres en direction du Japon, ce qui avait conduit le leader nord-coréen Kim Jong-Un à affirmer que le territoire continental américain était désormais à portée d'un sous-marin croisant dans le Pacifique. En juillet, les médias nord-coréens avaient publié des photos montrant le dirigeant nord-coréen en train d'inspecter un nouveau sous-marin, laissant présager que Pyongyang pourrait développer un programme de SLBM.
Selon Tokyo, une partie du missile s'est abîmé dans la Zone économique exclusive du Japon (ZEE), un espace maritime situé entre les eaux territoriales et internationales de plus de 4 millions de km², tout autour de l'archipel.
Les Etats-Unis ont déclaré surveiller la situation dans la péninsule coréenne.
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«Pousser Washington à renoncer»
Pyongyang procède régulièrement à des manœuvres militaires à la veille de pourparlers diplomatiques, afin de se placer en position de force en vue des négociations.
Peu de temps avant ces tirs, Pyongyang et Washington avaient convenu de la tenue le 5 octobre de discussions de travail sur le nucléaire, afin de relancer le processus diplomatique après l'échec du sommet de Hanoï le 27 et 28 février 2019. Les deux parties ont accepté d'avoir des «contacts préliminaires» le 4 octobre et des discussions de travail le lendemain, selon la vice-ministre nord-coréenne des Affaires étrangères, Choe Son Hui, sans préciser le lieu des discussions.
Quelques heures plus tard, la porte-parole du département d'Etat américain Morgan Ortagus a confirmé la tenue de discussions «au cours de la semaine qui vient», sans livrer plus de détails.
Les négociations sur le nucléaire nord-coréen étaient au point mort depuis le fiasco du deuxième sommet entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, en février à Hanoï. Les deux hommes s'étaient de nouveau rencontrés en juin à la frontière dans la Zone démilitarisée (DMZ), qui sépare les deux Etats depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53). Le président américain avait alors expliqué, dans des propos rapportés par l'AFP le 28 février, que la diplomatie nord-coréenne était disposée à procéder à une dénucléarisation mais que les Etats-Unis ne pouvaient pas renoncer à toutes les sanctions.
Cette brève entrevue avait débouché sur la décision de relancer les discussions sur le programme nucléaire de Pyongyang, un peu plus d'un an après le premier sommet Trump-Kim à Singapour. Cependant, ces négociations n'avaient toujours pas repris, le Nord ayant notamment été échaudé par le refus américain d'annuler des manœuvres militaires conjointes avec Séoul en août 2019.
Pyongyang a multiplié depuis juillet des tirs de missiles de courte portée, qualifiés de «provocations» par des responsables américains, même si Donald Trump s'était montré nettement plus conciliant.