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Attaque contre des sites pétroliers saoudiens : l'Iran balaie les accusations américaines

Suite à l'attaque, revendiquée par les Houthis, contre deux exploitations pétrolières saoudiennes, les Etats-Unis ont accusé l'Iran d'être à la manœuvre. La République islamique a fermement démenti alors que la tension grimpe entre les deux nations.

L'Iran a qualifié, ce 15 septembre, d'«insensées» les accusations du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, tenant la République islamique pour responsable d'une attaque de drones contre des installations pétrolières saoudiennes revendiquée par des rebelles yéménites soutenus par l'Iran.

Celle-ci a provoqué des incendies, le 14 septembre, dans deux installations pétrolières du groupe Aramco en Arabie saoudite, obligeant ce pays, premier exportateur mondial d'or noir, à cesser temporairement la production sur ces deux sites. Elle était la troisième attaque du même type après celles des 14 mai et 17 août derniers.

«Accuser l’Iran ne mettra pas fin au désastre»

L'attaque a été condamnée «fermement» par la Maison Blanche, et Mike Pompeo a accusé l'Iran d'avoir «lancé une attaque sans précédent contre l'approvisionnement énergétique mondial».

«Des accusations et remarques aussi stériles et aveugles sont incompréhensibles et insensées», a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Abbas Moussavi, laissant entendre qu'elles avaient pour but de justifier «des actions futures» contre l'Iran.

Le ministre des Affaires étrangères de la République islamique a fustigé le comportement américain ce 15 septembre sur Twitter. «Après avoir échoué avec sa stratégie de "pression maximale", Mike Pompeo essaye maintenant celle de la "tromperie maximale". Les Etats-Unis et ses clients sont bloqués au Yémen car ils ont l’illusion que la supériorité des armes mènera à la victoire militaire. Accuser l’Iran ne mettra pas fin au désastre», a-t-il tancé. La diplomatie iranienne a également exhorté les Américains à «accepter [la] proposition d’avril 2015 de mettre fin à la guerre et d’entamer des pourparlers».

Nouvel épisode de l'escalade des tensions irano-américaines

Les tensions entre les deux pays sont exacerbées depuis que les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, avant de durcir les sanctions économiques contre Téhéran. La situation a menacé de tourner à l'affrontement militaire direct fin juin, après que la République islamique a abattu un drone américain. Selon Téhéran et Moscou, l'appareil avait violé l'espace aérien iranien, ce que Washington dément.

Le détroit d'Ormuz a également focalisé les tensions entre les deux nations, théâtre d'attaques contre plusieurs pétroliers en mer d'Oman durant la visite historique du Premier ministre japonnais, Shinzo Abe, en Iran. Là encore, les Etats-Unis avaient accusé la République Islamique qui avait démenti. Quelques jours plus tard, le 19 juillet les Gardiens de la révolution islamique annonçaient avoir confisqué un pétrolier britannique dans le détroit.

Plus récemment, en réponse au retrait américain de l'accord international sur le nucléaire, l'Iran avait décidé, le 7 septembre, de mettre en route des centrifugeuses avancées dont la production va augmenter le stock d'uranium enrichi produit par le pays.

Dans ce contexte,le commandant de la branche aérospatiale des Gardiens de la Révolution iraniens Amirali Hajizadeh, a estimé, ce 15 septembre, que les tensions actuelles, «avec des forces qui se font face sur le terrain», pouvaient contribuer au déclenchement d'un conflit armé, selon l’agence de presse privée iranienne Tasnim. Le général de brigade a ajouté que l'Iran était «toujours préparé pour une guerre totale». Mais «ni nous, ni les Américains ne voulons une guerre», a-t-il dit, reprenant le discours officiel iranien.

Dans un discours prononcé le 27 août et diffusé par la télévision publique, le président iranien Hassan Rohani avait demandé aux Américains de «faire le premier pas» en vue d'une rencontre avec son homologue américain, scénario qu'avait également évoqué Donald Trump la veille. Les deux dirigeants devraient en tout cas se croiser à New York lors de l’Assemblée générale des Nations unies, prévue pour la fin septembre.

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