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A Moscou, Le Drian et Parly proposent «un nouvel agenda de confiance et de sécurité» franco-russe

Les ministres français et russe des Affaires étrangères et de la Défense se rencontraient ce 9 septembre pour une réunion du Conseil de coopération de sécurité des deux pays. Une nouvelle étape du rapprochement annoncé par Emmanuel Macron cet été.

Au cours de l'été, le président de la République avait partagé son souhait de construire «une nouvelle architecture de confiance et de sécurité entre l'Europe et la Russie» et d'établir un «dialogue franc et exigeant» avec Moscou. Un nouvel élan en politique étrangère concrétisé par l'invitation du président russe, Vladimir Poutine, au fort de Brégançon, mi-août. Ce 9 septembre, les ministres français des Affaires étrangères et de la Défense se rendaient à Moscou pour poursuivre ce rapprochement franco-russe sur les dossiers internationaux et stratégiques.

Nous avons une histoire commune, faite de drames, de tragédies, mais aussi de coopération

«Le moment est venu, le moment est propice pour travailler à réduire la défiance» entre la France et la Russie, a ainsi déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse avec Florence Parly et leurs homologues russes, respectivement Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou. «Nos divisions nuisent à nos intérêts réciproques», a souligné pragmatiquement Jean-Yves Le Drian. Comme Emmanuel Macron avant lui, le ministre des Affaires étrangères français a rappelé que Paris souhaitait mettre en place «un dialogue franc et exigeant» avec Moscou. Et, comme le président de la République, le chef de la diplomatie française a plaidé pour la nécessité d'un rapprochement en invoquant le caractère européen de la Russie et l'expérience historique partagée. «Nous avons une histoire commune, faite de drames, de tragédies, mais aussi de coopération», a-t-il rappelé, évoquant l'importante «séquence mémorielle» qui commencera en novembre – les commémorations de la chute du Mur de Berlin et de la fin de la Seconde Guerre mondiale. «La Russie doit demeurer un pays fondamentalement européen», a-t-il également dit, parlant d'«évidence» géographique, historique et culturelle. 

Dans ce contexte, Paris propose à Moscou «un nouvel agenda de confiance et de sécurité», a fait savoir Jean-Yves Le Drian. Celui-ci se fonderait sur plusieurs points, dont le renforcement des relations bilatérales sur des sujets clés tels que la lutte contre le terrorisme ou le climat, mais aussi la prise en compte de la «dimension humaine» de la relation franco-russe. Car l'Europe, a souligné le ministre français, «c'est aussi un héritage commun de valeurs et de principes», et pas uniquement une convergence d'intérêts sécuritaires et stratégiques.

L'ensemble de ces développements communs, a néanmoins mis en garde Jean-Yves Le Drian, est conditionné à une évolution du dossier ukrainien. Or, selon le ministre, le contexte actuel est favorable cela.

Il est [...] important de pouvoir se parler, pour éviter les incompréhensions, les incidents, les frictions

Florence Parly a de son côté détaillé les formes concrètes que prendrait ce renforcement de la coopération franco-russe. La ministre française des Armées a notamment souligné l'importance de mettre en place des «mécanismes de déconfliction» – des actions de coordination visant à limiter les accrochages et accidents. «Il est donc important de pouvoir se parler, pour éviter les incompréhensions, les incidents, les frictions», a expliqué la ministre française des Armées. Plus globalement, la membre du gouvernement français a appelé à une meilleure compréhension des forces françaises et russes, en améliorant notamment la connaissance réciproque des doctrines militaires des deux pays.

La rencontre des ministres constituait la 12e réunion du Conseil de coopération de sécurité franco-russe. Il s'agit du premier rendez-vous de ce genre depuis l'adoption des sanctions occidentales antirusses de 2014 consécutives au rattachement de la Crimée à la Russie.

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