Selon Paris, les ministres de la Défense français et russe, Florence Parly et Sergueï Choïgou, ont évoqué le 3 septembre lors d'une conversation téléphonique des «pistes de coopération possibles» sur les grandes crises du moment et le contrôle des armements. «La ministre a évoqué avec son homologue [russe] les problématiques de maîtrise des armements ainsi que la situation dans les zones de crise : Ukraine, Levant, Golfe, République centrafricaine», a indiqué le ministère français des Armées dans un communiqué.
«Les ministres ont étudié des pistes de coopération possibles sur lesquelles ils reviendront lors du déplacement conjoint» de Florence Parly et du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian le 9 septembre à Moscou, a-t-il ajouté.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré fin août qu'il fallait «repenser le lien avec la Russie» et «explorer les voies d'un rapprochement», tout en y posant des «conditions».
La France espère notamment obtenir des avancées sur le règlement de la crise ukrainienne qui empoisonne les relations avec Moscou, sous le coup de sanctions européennes depuis le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014.
«On a un paquet d'éléments qui nous amène à avoir une défiance vis-à-vis de la Russie mais se maintenir dans ce statu quo de défiance n'apporte rien à personne», a estimé le 3 septembre le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian devant la presse diplomatique. Sur l'Ukraine, «cela bouge un peu», a-t-il observé, en notant les initiatives du nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky et «l'optimisme prudent» du maître du Kremlin Vladimir Poutine sur ce sujet.
«Les conditions sont réunies pour qu'il y ait très rapidement une réunion en format Normandie», réunissant la France, l'Allemagne, la Russie et l'Ukraine au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, a ajouté le chef de la diplomatie française.
La mort du traité russo-américain interdisant les missiles de portée intermédiaire (FNI) et les incertitudes sur la survie du traité de contrôle des armements nucléaires stratégiques (START) au-delà de 2021 nécessite aussi un dialogue avec Moscou, selon lui. «Vraisemblablement le START ne sera pas reconduit. Nous allons être à partir de 2021 en absence de régulation sur les armements stratégiques entre la Russie et les Etats-Unis», anticipe Jean-Yves Le Drian. «L'Europe sera nue d'une certaine manière par rapport à ces deux puissances nucléaires [...] sans compter la montée en puissance de la Chine d'une manière qualitative et quantitative», a-t-il souligné.
Le traité russo-américain de réduction des armes stratégiques, dont le dernier volet baptisé «New START» a été signé en 2010, maintient les arsenaux nucléaires russe et américain bien en deçà du niveau de la Guerre froide. Il arrive à échéance en 2021, dans une période de fortes tensions entre les deux plus grandes puissances nucléaires.
Le dialogue avec la Russie sera «donnant donnant», a enfin noté Jean-Yves Le Drian. «Nous ne renonçons pas à quoi que ce soit», a-t-il souligné.