Venezuela : le gouvernement prêt à reprendre le dialogue sous condition
Le chef de la diplomatie vénézuélienne a assuré que le gouvernement était prêt à reprendre le dialogue avec l'opposition, initié en Norvège, mais sous conditions. Il considère que le mécanisme en place jusque là «a eu pour résultat l'embargo».
Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreaza a assuré le 15 août que le gouvernement était disposé à reprendre le dialogue avec l'opposition mais en modifiant le mécanisme du dialogue initié en Norvège, il y a plusieurs mois, et transféré le 8 juillet à La Barbade, dans les Caraïbes.
Au cours d'un acte de collecte de signatures contre les sanctions américaines, le chef de la diplomatie vénézuélienne a dénoncé le fait que le dialogue tenu avec l'opposition ces dernières semaines ait abouti au blocus actuellement imposé par Washington. Donald Trump a en effet ordonné le 5 août le gel total des biens du gouvernement chaviste par décret présidentiel.
«Ce mécanisme que nous avions il y a encore une semaine a eu pour résultat l'embargo, les attaques, l'appel à la conspiration, au coup d'Etat», a dénoncé Jorge Arreaza, qui participe aux pourparlers sous l'égide de médiateurs norvégiens, suspendus début août par le président Nicolas Maduro.
«Nous devons avoir un mécanisme qui garantisse la paix, la cohabitation, la coexistence entre nous tous», a-t-il ajouté, soulignant que le chef de l'Etat avait mis les discussions en pause et que le gouvernement n'est pas sortis du processus de dialogue. «Il y aura une rencontre [avec les délégués de la Norvège] et nous parviendrons sûrement à rétablir le dialogue avec un mécanisme repensé, au terme d'une réflexion nécessaire, qui a lieu en ce moment», a déclaré le ministre des Affaires étrangères à des journalistes.
Selon, Juan Guaido, auto-proclamé président du pays soutenus par les Etats-Unis et leurs alliés, dont la France, des représentants du gouvernement norvégien sont actuellement à Caracas pour tenter de relancer le dialogue entre le pouvoir et l'opposition.
Ce dialogue est au point mort depuis que le président américain a durci les sanctions début août, prévoyant un embargo total sur le Venezuela. A la suite de ces annonces visant à bloquer totalement le pays, le président vénézuélien Nicolas Maduro a affirmé le 2 août qu'il souhaitait dénoncer devant l'ONU ce qu'il considérait comme une «menace illégale» visant son pays et a suspendu le 7 août la participation de la délégation officielle aux pourparlers, qui se déroulent à La Barbade sous médiation norvégienne. Il entendait ainsi protester contre le fait que Washington a imposé le gel de tous les avoirs du gouvernement vénézuélien aux Etats-Unis, qui soutiennent Juan Guaido.
Ce blocus économique américain, qui comporte des sanctions contre les pays qui commerceraient avec le Venezuela, a été «sollicité et soutenu» par Juan Guaido, selon le gouvernement. En effet, pour rappel, en mars, dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, l'opposant vénézuélien avait appelé la «communauté internationale» à intensifier ses sanctions financières à l'encontre du gouvernement de Nicolas Maduro. «La communauté internationale doit empêcher que l'argent des Vénézuéliens ne soit utilisé à mauvais escient pour tuer les opposants au régime et les peuples autochtones», avait-il déclaré.
Le chef de l'opposition, qui veut le départ du pouvoir de Nicolas Maduro et la constitution d'un gouvernement de transition, n'exclut pas de solliciter une intervention militaire des Etats-Unis.
Meriem Laribi