Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, n’a pas obtenu la confiance de la Chambre de députés, le 25 juillet, qui devait décider de son maintien au pouvoir. Ce nouvel échec ouvre encore une fois la voie à des élections anticipées, les quatrièmes en quatre ans. Pedro Sanchez n’a obtenu que 125 voix, soit toutes celles de son parti plus deux autres dont celle d’un député régionaliste, et 155 contre. 67 députés se sont abstenus. Pour être maintenu, une majorité simple de 176 lui suffisait.
Il est le premier candidat à échouer à deux reprises à se faire élire à la tête du pays. Il avait été approuvé en tant que Président du gouvernement d’Espagne en juin 2018, à la faveur d’une motion de censure votée contre Mariano Rajoy du Parti populaire (PP). En 2016, il n’avait pas réussi à se faire élire à ce poste, le parti de gauche Podemos refusant de soutenir l’accord avec les libéraux de Ciudadanos, l’ancien parti de Manuel Valls. Cette fois encore, le socialiste n’a réussi à convaincre aucun des membres du parti de Pablo Iglesias.
«C'est la deuxième fois que vous [Podemos] allez empêcher que l'Espagne ait un gouvernement de gauche», a fustigé la chef des députés socialistes Adriana Lastra. De son côté, Podemos reproche au PSOE (socialistes) de n’avoir discuté que des places de chacun dans le nouveau gouvernement et aucunement d’un programme. Ses 42 députés se sont abstenus.
L’Espagne en recomposition politique
De plus le PSOE ne pèse pas bien lourd avec ses 123 députés et le chef du gouvernement avait besoin de former une alliance. Après avoir reçu l’assentiment du roi, il restera aux affaires et aura jusqu’au 23 septembre pour former un gouvernement de coalition, faute de quoi les Espagnols se rendront de nouveaux dans les urnes. Les élections seraient prévues pour le mois de novembre. S’il réussit l’Espagne connaîtrait sa première coalition depuis 1930.
Le 25 juillet, dans un entretien télévisé diffusé sur Telecinco, Pedro Sanchez a affirmé qu’il «ne jetterait pas l’éponge», assurant qu’il se mettrait au travail «immédiatement» afin de former un gouvernement «dès que possible». Mais cet échec pourrait être salutaire. En effet, les tractations autour de la formation d’un gouvernement ont favorisé le rapprochement des deux camps. Le chef du gouvernement a, pour la première fois, entrevu la formation d’une coalition avec Podemos, et de son côté, Pablo Iglesias, s’est lui refusé à entrer au gouvernement exhaussant la demande du premier.
Néanmoins, cette temporisation risque de faire le jeu du parti de la droite nationaliste Vox qui avait obtenu près de 10% des suffrages lors des dernières élections générales faisant ainsi son entrée au Parlement avec 24 députés. La formation de Santiago Abascal, créée en 2013, avait réalisé 6% lors des élections européennes soit 3 élus à Bruxelles.
Le parti se développe sur la frustration des Espagnols quant à l’incapacité de leur classe politique à se mettre d’accord. «Je suis vraiment déçue car nous leur avons donné nos voix et en moins d'une année, nous allons devoir retourner voter», lâche, déçue, Lagrimas Cotrina, 70 ans, à l’AFP, augurant d'une faible participation. Le parti ne pourra pas gouverner seul mais pourrait nouer une alliance avec le PP et Ciadadanos, à l'image de ce qu'ils ont réalisé lors des élections régionales de décembre dernier en Andalousie, en boutant les socialistes hors de leur bastion historique.
Enfin, si élections anticipées il y a, elles se dérouleraient dans un contexte tendu avec le verdict dans le procès de douze leaders catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession de la région. Une condamnation, même légère, pourrait relancer la mobilisation des séparatistes qui organisent chaque année une manifestation géante le 11 septembre, pour la journée de la Catalogne.
Alexis Le Meur