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Regain de tensions après la saisie par l’Iran d’un pétrolier britannique dans le détroit d’Ormuz

Les Pasdaran ont indiqué avoir «confisqué» un pétrolier britannique, le Stena Impero, dans le détroit d'Ormuz pour «non respect du code maritime international». Le Royaule-Uni a immédiatement réagi, parlant d'une «saisie inacceptable».

Les Gardiens de la révolution islamique ont annoncé dans la soirée du 19 juillet avoir «confisqué» un pétrolier britannique, le Stena Impero, dans le détroit d'Ormuz. Le bâtiment a été arraisonné par la force navale iranienne pour «non respect du code maritime international [...] à la demande de l'Autorité portuaire et maritime de la province de l'Hormozgan», est-il précisé dans un communiqué publié sur Sepahnews, le site internet des Gardiens de la Révolution.

Le pétrolier britannique «a été amené jusqu'à la côte après sa saisie et remis à l'Autorité afin [que puissent commencer] la procédure légale et l'enquête», précisent les Gardiens de la révolution dans leur communiqué. Selon les données de suivi maritime, le Stena Impero se dirigeait vers l’Arabie saoudite mais a quitté les voies maritimes internationales pour se rendre en direction du nord, vers l'île iranienne de Qechm. 

D’après les autorités portuaires iraniennes, le bâtiment serait ancré au port de Bandar Abbas, dans le sud de l’Iran, avec ses 23 membres d’équipage. Allah-Morad Afifipoor, directeur général de l'organisation portuaire et maritime de la province de Hormozgan où est situé le port, a affirmé que le Stena Impero était «entré en collision avec un bateau de pêche». Ces mêmes autorités ont par ailleurs indiqué qu'une enquête allait être ouverte pour faire la lumière sur cette saisie.

Une «saisie inacceptable» pour le Royaume-Uni

La nouvelle a immédiatement fait réagir les autorités britanniques par la voix du ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, qui s’est dit «extrêmement préoccupé» par «la saisie inacceptable» de «deux navires» par l’Iran. Celui-ci a précisé qu’il s’agissait d’un navire britannique et d’un autre battant pavillon libérien. Le propriétaire du second pétrolier arraisonné, le Mesdar, a annoncé que son navire avait été relâché et que tous les membres d’équipage étaient sains et saufs.

Garett Marquis, porte-parole du Conseil de sécurité national américain a fustigé une «surenchère de la violence du régime iranien». Dans le même temps, l’Arabie Saoudite a annoncé que, pour la première fois depuis 2003 et l’intervention en Irak, des troupes américaines allaient prendre position sur son sol. «Le roi Salman [...] a donné son accord pour accueillir des forces américaines afin d'accroître le niveau mutuel de coopération pour défendre la sécurité de la région et sa stabilité, et garantir la paix», a indiqué un porte-parole du ministère saoudien de la Défense, cité par l'agence de presse officielle SPA.

Dans un communiqué, le commandement central des forces américaines a indiqué que cette mesure «aura un effet dissuasif supplémentaire et renforcera notre capacité à défendre nos troupes et nos intérêts dans la région face à des menaces émergentes et crédibles».

Un pas de plus vers un conflit?

L'annonce de cette saisie est survenue quelques heures après la décision de la Cour suprême de Gibraltar de prolonger pour 30 jours l'immobilisation d'un pétrolier iranien, le Grace 1. Le navire avait été arraisonné le 4 juillet par les autorités de Gibraltar, territoire britannique situé à l'extrême sud de l'Espagne, qui le soupçonnaient de livrer du brut à la Syrie en violation des sanctions de l'Union européenne contre Damas. Téhéran nie cette accusation et dénonce un acte de «piraterie».

La zone stratégique du détroit d’Ormuz, par lequel transite une partie importante du brut mondial, est le théâtre depuis plusieurs semaines d'une recrudescence des tensions entre d’une part les Etats-Unis et leurs alliés comme l’Arabie saoudite et de l’autre l’Iran. Le 13 juin dernier, deux pétroliers, dont un japonais, avaient été attaqués en mer d’Oman, alors que le Premier ministre nippon était en visite en Iran. A la suite de l'incident, les deux camps s’étaient mutuellement accusés.

Le 28 juin, l’Iran disait avoir abattu un drone américain qui survolait son espace aérien. Les Etats-Unis s’en étaient défendus assurant que l’appareil se trouvait dans l’espace international mais avaient été contredits par Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité pour la Russie. La république islamique avait décidé de porter plainte devant ce même Conseil de sécurité de l'ONU. Enfin, le 18 juillet, Donald Trump avait annoncé que l’USS Boxer avait abattu un drone iranien lors «d’une action défensive», ce que la République islamique avait fermement contesté, se demandant si les américains n’avaient pas eux-mêmes détruit l’appareil.

Alexis Le Meur

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