Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, rendra visite à son homologue français le 24 juin prochain, ont annoncé Paris et Moscou. Ce sera la première visite d'un membre de premier plan de l'exécutif russe dans l’Hexagone depuis la venue du président Vladimir Poutine en 2017. Cette rencontre se tiendra dans la ville du Havre, dont Edouard Philippe est l’ancien maire. Matignon a annoncé qu’un «entretien suivi d’une conférence de presse et d’un dîner de travail» serait organisé.
D’après le cabinet d’Edouard Philippe, «cette rencontre sera l’occasion de poursuivre le dialogue au niveau des chefs de gouvernement». Les deux hommes «évoqueront les crises régionales, notamment la Syrie et l’Ukraine, et les questions économiques, les entreprises françaises étant très présentes en Russie».
De son côté, l’ancien président russe a déclaré sur Twitter que les discussions porteraient sur «les sujets pertinents de la coopération franco-russe en matière de commerce, d'économie, d'investissements, d'énergie, d'industrie et de culture, de questions humanitaires et d'autres domaines».
Les deux hommes s’étaient entretenus par téléphone, dans le courant du mois de mai, lors de ce qui était le premier contact entre les chefs de gouvernement des deux pays depuis février 2016, selon Matignon. Edouard Philippe avait alors insisté sur la «préoccupation» française à propos de la situation dans la zone d’Idleb en Syrie.
Détente franco-russe ?
Alors que l’Union européenne vient de reconduire, le 20 juin, pour une nouvelle période d’un an, les sanctions contre la Russie, la France semble de son côté vouloir avancer vers une normalisation de ses relations. Dans un entretien accordé le 11 juin à la chaîne suisse RTS, Emmanuel Macron avait prôné le dialogue avec la Russie, affirmant la nécessité d’une «discussion stratégique».
Rebelote une semaine plus tard, le 17 juin. Le président français avait esquissé, depuis l’Elysée, la potentialité d’un sommet avec Vladimir Poutine, Angela Merkel et le nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky, afin de promouvoir la mise en œuvre des accords de Minsk, conclus en 2015.
Les accords de paix, dits de Minsk II, ont été signés en février 2015 après des négociations entre les représentants de Kiev et des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk, sous l'égide de la Russie, de l’Allemagne, de la France, avec le concours de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Ce traité prévoit un cessez-le-feu dans la zone du conflit, le retrait des armes lourdes par les troupes ukrainiennes et rebelles, l’élargissement de l’autonomie des régions de Donetsk et de Lougansk, ainsi qu'une réforme constitutionnelle de l’Ukraine qui permettra de remplir cette dernière condition, de même que l’échange des prisonniers et l’octroi d'une amnistie à tous les participants au conflit. Kiev avait d’ailleurs menacé de se retirer de l’accord en mai, provoquant le courroux de Paris, qui l’avait alors appelé à s’y conformer.
La Russie s'intéresse à la sauvegarde et au renforcement du Conseil de l'Europe comme l'une des organisations internationales les plus respectées sur le continent européen
Autre point majeur de discussion, la place de la Russie au sein du Conseil de l’Europe. Alors qu’il envisage de quitter l’organisation, Moscou en avait fait l’éloge en mai, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, arguant que la Russie jouerait «un rôle décisif dans l'avenir du Conseil». «La Russie s'intéresse à la sauvegarde et au renforcement du Conseil de l'Europe comme l'une des organisations internationales les plus respectées sur le continent européen», avait-il ajouté.
Du côté de la France, qui a pris le 17 mai la présidence tournante du Conseil pour six mois, Emmanuel Macron avait jugé que le Conseil de l'Europe avait «besoin de la Russie comme la Russie et les Russes [avaient] besoin du Conseil de l'Europe». Cela «suppose que ses droits d'Etat membre soient respectés mais aussi que la Russie remplisse ses obligations à l'égard de l'institution», avait alors averti le président français.
Les conséquences négatives d'une sortie de la Russie du Conseil de l'Europe restent néanmoins incalculables. La Russie n'a adhéré à cette organisation paneuropéenne, créée en 1949, qu'en 1996, après la disparition de l'Union soviétique. Depuis sa fondation, seule la Grèce l'a quitté en 1969, lors de la dictature des colonels, avant d'y être réintégrée en 1974.