Irak : un huitième et neuvième Français condamnés à mort pour appartenance à Daesh
- Avec AFP
Deux Français ont été condamnés à mort par un tribunal antiterroriste de Bagdad le 2 juin, pour appartenance au groupe djihadiste Daesh en Irak. Cela porte à 9 le nombre de Français ayant pour l'heure écopé de la peine capitale dans le pays.
Le procès pour appartenance au groupe Etat islamique de Fodil Tahar Aouidate, 32 ans, et Vianney Ouraghi, 28 ans, se tenait le 2 juin à Bagdad : condamnés à mort, les deux hommes sont respectivement les huitième et neuvième Français à écoper de cette peine en Irak.
Les deux hommes avaient été transférés début janvier de Syrie, où ils étaient détenus par les forces kurdes, vers l'Irak. Décrit comme «autoritaire, violent et prêt à mourir pour l'idéologie radicale de Daesh», Fodil Tahar Aouidate a été interrogé pendant quatre mois, d'abord par le renseignement puis par un juge d'instruction.
A l'ouverture de son procès, celui qui se faisait appeler Abou Mariam al-Faranssi depuis qu'il avait rejoint la Syrie en 2014 avec 22 membres de sa famille, avait assuré que ses interrogateurs l'avaient frappé pour «avouer ce qu'ils réclamaient». Le tribunal a rejeté ses allégations selon lesquelles ses aveux auraient été obtenus sous la torture.
Présent à l'audience, Fodil Tahar Aouidate n'a pas réagi à l'annonce de la sentence. Originaire de Roubaix, il était apparu peu après les attentats du 13 novembre 2015 en France dans une vidéo. Il y disait son «grand plaisir et grand bonheur de voir ces mécréants souffrir» et menaçait : «on continuera à frapper chez vous.»
Celui qui avait été emprisonné en France plusieurs mois pour trafic de drogue a été enregistré dans les archives administratives de Daesh comme un «combattant», selon un document à en-tête du groupe terroriste présenté par le juge. Il était connu du renseignement français pour ses liens avec la mouvance salafiste belge, notamment Abdelhamid Abaaoud, l'un des organisateurs présumés du 13-Novembre.
Vianney Ouraghi, Français d'origine algérienne a quant a lui prétendu aux enquêteurs irakiens avoir abandonné ses études de psychologie en France puis s'être radicalisé en ligne. Toujours selon les aveux rendus publics par la justice irakienne, il a suivi «des formations religieuses et militaires», puis fait allégeance à Daesh à Mossoul en 2014. Il a reconnu devant le juge avoir «travaillé avec Daesh». «Mais je n'ai pas participé aux combats ni en Syrie ni en Irak», a-t-il ajouté.
Sept Français et un Tunisien ont été condamnés à mort pour appartenance à Daesh depuis le 26 mai. Paris, qui affirme ne pas vouloir s'ingérer dans les décisions de la justice irakienne, déclare avoir réitéré auprès de Bagdad son opposition à la peine de mort. Pour Human Rights Watch (HRW), les procès irakiens présentent de «graves lacunes, dont la torture» et Paris ne devrait pas «sous-traiter la gestion» de ses ressortissants «à des systèmes judiciaires abusifs».
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