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Les Américains «ont peur de la guerre» : les Gardiens de la Révolution iraniens défient Washington

A la suite du ministre iranien des Affaires étrangères, le chef des Gardiens de la Révolution a affirmé que si l'Iran ne souhaitait pas la guerre, elle ne la redoutait pas. Selon Téhéran les Etats-Unis n'ont pas les moyens d'une guerre dans le Golfe.

Dans la région du golfe Persique, personne ne dit vouloir de conflit armé, mais presque tout le monde en brandit la menace. Et face aux Etats-Unis, l'Iran ne baisse pas la garde.

Le général Hossein Salami, commandant du corps des Gardiens de la Révolution islamique (GRI), a affirmé le 19 mai que l'Iran ne voulait pas de la guerre avec les Etats-Unis, tout en ajoutant que Washington n'en avait pas la volonté. «La différence entre nous et [les Américains], c'est qu'ils ont peur de la guerre», a-t-il lancé, cité par l'agence iranienne Fars News.

Depuis la sortie unilatérale des Etats-Unis de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien en mai 2018, puis le rétablissement complet des sanctions économiques américaines contre l'Iran en novembre, les tensions n'ont cessé de s'accroître entre Washington et Téhéran.

Début mai, Washington déployait le porte-avions Abraham Lincoln et des bombardiers B-52 dans le Golfe, puis un navire de guerre et une batterie de missiles Patriot en renfort, avec pour justification, sans plus de précisions, «des indications inquiétantes d'escalade et de mises en garde». Tout en alimentant – paradoxalement ? – cette «escalade» et ces «mises en garde», un conseiller du président Donald Trump déclarait alors : «Les Etats-Unis ne cherchent pas la guerre avec le régime iranien, mais nous sommes totalement préparés à répondre à toute attaque.»

Pour autant, dans ce dossier comme dans d'autres – vis-à-vis de la Corée du Nord, par exemple – le dirigeant américain a également semblé ouvrir la porte au dialogue, en contradiction avec certaines de ses propres déclarations belliqueuses et de celles du Pentagone. «Je suis sûr que l'Iran voudra bientôt discuter», a-t-il notamment avancé sur Twitter le 15 mai dernier.

Personne ne se fait d'illusion quant à sa capacité à affronter l'Iran dans la région

Du côté de l'Iran, en revanche, le message est univoque. Les déclarations d'Hossein Salami le 19 mai font suite à celles du ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif, la veille. «Je suis certain [...] qu'il n'y aurait pas de guerre puisque nous ne souhaitons pas de conflit et puisque personne ne se fait d'illusion quant à sa capacité à affronter l'Iran dans la région», a-t-il déclaré à l'adresse de Washington le 18 mai lors d'une visite en Chine, l'un des pays garants de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, et qui suit attentivement la situation.

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L'Arabie saoudite et Israël, facteurs d'incertitude

Mais alors qui est disposé à faire une guerre autre que défensive dans la région ? Allié des Etats-Unis, l'Arabie saoudite sunnite, grand rival régional de l'Iran chiite, a multiplié les prises de position belliqueuses en s'appuyant sur une série d'événements : une attaque de drones de la rébellion yéménite contre des installations pétrolières saoudiennes le 14 mai dernier ainsi que de mystérieux actes de sabotage sur quatre de ses navires qui croisaient au large des Emirats arabes unis. 

Riyad n'a pas hésité a imputer l'attaque directement à l'Iran, et d'accuser Téhéran de «mettre en œuvre son agenda expansionniste dans la région». La rhétorique saoudienne fait ainsi écho à celle d'Israël. L'Etat hébreu a officialisé en février dernier les frappes de son aviation en Syrie, dont le but est, selon Tel-Aviv, de contrer l'influence présentée comme grandissante de Téhéran.

Aussi, pour l'heure, notamment en raison des conséquences incalculables d'une rupture des voies maritimes d'exportation de pétrole du golfe Persique, la guerre resterait, probablement, de l'ordre des gesticulations. Hossein Salami, chef des Gardiens estime ainsi, selon l'agence iranienne Isna, que l'Iran et les Etats-Unis étaient engagés dans «une combinaison de guerre psychologique, de cyber-opérations, de mouvements militaires [et] de diplomatie publique». 

Alexandre Keller

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