Silence international autour de la détention en Ukraine du journaliste russe Kirill Vychinsky
Accusé de mener une «guerre de l’information» contre l'Ukraine, le chef de RIA Novosti Ukraine, Kirill Vychinsky, est incarcéré depuis plus d'un an à Kiev. Etrangement, son cas est peu évoqué parmi les défenseurs des droits de l'homme.
Le 15 mai 2018, Kirill Vychinsky, chef du département ukrainien de l’agence de presse publique russe RIA Novosti, était arrêté à Kiev en Ukraine, et emprisonné, accusé de «haute trahison». Pourtant, son cas est peu évoqué par la presse occidentale et les groupes de défense de la presse, généralement prompts à se mobiliser en cas d'incarcération de journalistes.
Les ONG et associations de défense des droits ont coutume de relayer ce type d'événements et d'organiser des campagnes pour faire pression sur les gouvernements responsables. Mais dans le cas de Kirill Vychinsky, rien de tel ne s’est produit lorsqu’il a été arrêté par les agents du SBU, la puissante agence de sécurité nationale ukrainienne. Accusé de mener une «guerre de l’information» contre l’Ukraine, il encourt 15 ans de prison.
Le journaliste est depuis en détention provisoire, sans possibilité de liberté conditionnelle, ni de traitement hospitalier, et subit des restrictions du droit de visite. Le parquet a rédigé un acte d’accusation de 80 pages, contenant 72 articles ou éditoriaux publiés par l’agence depuis 2014, qu'il accuse de contenir des informations fausses ou des manipulations de l’information. Kirill Vychinsky insiste de son côté sur le fait que les accusations sont absurdes.
Indignation sélective
Le 15 mai, environ deux cents personnes se sont rassemblées devant l’ambassade d’Ukraine à Moscou pour exprimer leur soutien à Kirill Vychinsky et demander à Kiev de libérer le journaliste.
Pourtant, le silence est de mise chez les défenseurs habituels de la liberté de la presse et des droits de l'homme, comme Amnesty International.
Une fédération internationale de journalistes, l'Organization for Security Cooperation in Europe and International Federation of Journalists, a bien exprimé son inquiétude face à l’incarcération du journaliste, mais seulement lorsqu'elle a été interrogée à ce sujet.
Aucune des organisations traditionnelles n’a émis de communiqué pour le premier anniversaire de l’incarcération du chef de RIA Novosti. Le comité de protection des journalistes, CPJ Europe and Central Asia, non plus, même s'il a publié un article lors de l’ouverture du procès, et appelé à libérer le journaliste.
Existerait-il de bons et de mauvais journalistes, dont certains seraient à défendre, et d’autres, à laisser aux oubliettes ?