Pour un ministre allemand, Facebook est trop strict avec la nudité, pas assez avec le racisme

Heiko Maas, le ministre allemand de la Justice, veut rencontrer les dirigeants européens de Facebook. Face aux publications racistes et anti-migrants, le garde des sceaux germanique veut un renforcement des règles sur le contenu abusif.
«Il faut qu'on parle», a écrit Heiko Maas, le ministre allemand de la Justice dans une lettre ouverte diffusée par le quotidien Tagesspiegel. Adressée aux dirigeants européens de Facebook, ce communiqué insiste sur un point : il n'y «pas de place pour le racisme» sur le réseau social. Maas fait référence à une récente montée, d'après lui, de la xénophobie sur Facebook, liée à la crise des migrants qui secoue l'Europe. Le ministre a indiqué que son cabinet avait reçu de nombreuses plaintes pointant du doigt que des publications au contenu abusif n'avaient pas été bannies du réseau.
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Finde ich gut ;-) RT@tagesschau: Facebook will mit Maas über Hass-Inhalte diskutieren http://t.co/DVBctfY317#Facebook#Hatespeech
— Heiko Maas (@HeikoMaas) 27 Août 2015
Dans sa lettre, Maas fustige les règles sur le contenu abusif de Facebook, affirmant qu'elles sont une «farce». Les sanctions mises en place par le réseau social se limitent en effet souvent à un message standard, précisant qu'une publication viole les règles communautaires du site, sans préciser en quoi le contenu peut être considéré comme abusif «même dans les cas les plus évidents», insiste le ministre, qui affirme dans sa lettre que ces règles communautaires «ne sont apparemment pas fiables, même face à des posts qui constituent des crimes d'incitation à la haine». Maas rappelle que le réseau est toujours strict lorsqu'il s'agit de nudité mais souvent tolérant vis-à-vis du racisme.
Dans son communiqué, Maas souligne que ses exigences ne vont pas à l'encontre de la liberté d'expression «mais Internet n'est pas un lieu que la loi n'atteint pas et où les propos racistes et les publications illégales peuvent fleurir». Pour le ministre, il ne peut y avoir de «bénéfice du doute», arguant que Facebook ne peut pas justifier de son inaction et doit urgemment renforcer ses règles communautaires et prendre de potentielles nouvelles mesures si nécessaire.
"Wir sind nicht rechts. Wir wollen nur dass das deutsche Volk keine Migranten mehr aufnehmen muss." #hartaberfair
— Alexander Nabert (@Nabertronic) 12 Mai 2014
Les derniers mois, qui ont vu l'arrivée de dizaines de milliers de réfugiés sur le sol allemand, ont mis en difficulté de nombreuses communautés outre-Rhin, tenues de leur apporter des soins et des abris adéquats. En réaction à cet état de fait, des groupes d'extrême-droite ont procédé à des actes de violence et de cybercriminalité, de manière parfois coordonnée, depuis Facebook. Des attaques qui ont fait réagir avec colère la classe politique allemande, à commencer par la chancelière Angela Merkel qui a dénoncé des incidents «méprisables et honteux».