Les députés britanniques rejettent l'accord de sortie, ouvrant la porte à un Brexit dur (EN CONTINU)
Pour la troisième fois en trois mois, le parlement britannique a rejeté l'accord de sortie négocié avec l'UE. Pour le Premier ministre britannique Theresa May autant que la Commission européenne, un Brexit dur est désormais un scénario probable.
Le rejet, pour la troisième fois, du Traité de retrait de l'UE par les députés britanniques «accroît très fortement les risques d'une sortie sans accord», a réagi l'Elysée.
«Il appartient d’urgence au Royaume-Uni de présenter dans les tout prochains jours un plan alternatif (élections législatives, referendum, union douanière…). A défaut, et cela devient le plus probable, nous constaterons que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne sans accord», a souligné la présidence française
«Le nouveau traité de l'UE a été à juste titre rejeté pour la troisième fois. De nouvelles batailles semblent désormais inévitables. Nous ne nous décourageons pas et nous les combattrons une nouvelle fois», a réagi l'eurodéputé Nigel Farage, une des figures emblématiques de la campagne pro-Brexit en amont du référendum de 2016.
The new EU treaty has been rightly defeated for a third time.
— Nigel Farage (@Nigel_Farage) 29 mars 2019
Extension and further battles now seem inevitable.
We are not downhearted, and will fight them again. pic.twitter.com/nEGIIsYXDIPartie de Sunderland dans le nord-est de l’Angleterre le 16 mars, la «March to leave» (marche pour sortir) est arrivée à Westminster, à Londres, devant le parlement, où sont rassemblés des manifestants pro-Brexit.
L’arrivée de la #MarchToLeave à #Westminster il y a quelques minutes. La marche organisée par #leavemeansleave est partie le 16 mars de Sunderland.#Brexitpic.twitter.com/OA1LSAgaIZ
— Elodie Goulesque (@Eloditeur) 29 mars 2019Une sortie du Royaume-Uni de l'UE sans accord le 12 avril «est désormais un scénario probable», a réagi une porte-parole de la Commission européenne après le troisième rejet par les députés britanniques du traité de retrait négocié par Theresa May, soulignant que l'UE y était «pleinement préparée». «Il appartiendra au Royaume-Uni d'indiquer la voie à suivre avant cette date», a-t-elle ajouté.
Le 12 avril est donc la nouvelle date butoir du Brexit, qui était initialement programmé le 29 mars.
La livre sterling baisse face au dollar et face à l'euro dans la foulée du rejet par les britanniques de l'accord de retrait négocié avec Bruxelles.
Vers 15h50, la devise britannique valait 1,2998 dollar contre 1,3044 dollar la veille à 22h00 et s'échangeait à 86,36 pence pour un euro, contre 86,03 pence la veille.
Pound falls through $1.30 (first time since March 11) as government loses Brexit vote by 58 votes, and Theresa May warns parliament is "reaching the limits of the process" 💷📉 https://t.co/GRS8nsCPHvpic.twitter.com/OF0epe07PQ
— Graeme Wearden (@graemewearden) March 29, 2019Par la voix de son porte-parole, la Commission européenne a fait part de ses regrets quant au rejet de l'accord sur le Brexit par les parlementaires britanniques.
Le président du Conseil européen Donald Tusk a convoqué un sommet européen le 10 avril.
In view of the rejection of the Withdrawal Agreement by the House of Commons, I have decided to call a European Council on 10 April. #Brexit
— Donald Tusk (@eucopresident) March 29, 2019Les députés britanniques ont rejeté pour la troisième fois consécutive l'accord de sortie négocié avec l'Union européenne par 286 voix pour, et 344 contre. Les implications de ce vote sont «graves», a déclaré le Première ministre Theresa May, soulignant que le scénario par défaut était désormais un Brexit sans accord au 12 avril.
Selon des propos rapportés par l'agence de presse Reuters, avant l'issue du vote, Emmanuel Macron a fait savoir que si le parlement britannique n'approuvait pas l'accord d'ici le 12 avril, une date serait décidé en commun avec la Grande Bretagne pour un «no-deal», un Brexit dur.
«Le 12 avril, si les Britanniques n'ont pas donné leur accord à ce qu'on a signé, on ira vers une absence de "deal" et donc, à un moment donné, un Brexit dur», a déclaré le président français devant des élus des Hauts-de-France à l'Elysée.
«Ce scénario existe. Evidemment, on devra à ce moment-là décider des délais de mise en œuvre de ce scénario avec la partie britannique et donc on accélérera la phase finale de préparation», a-t-il ajouté.
«Je pense pouvoir dire que nous sommes, parmi les pays les plus directement concernés, celui qui est le plus prêt, sans aucun doute», a encore dit Emmanuel Macron.
Le Premier ministre Theresa May s'est exprimée devant les députés. «C'est la dernière occasion de garantir le Brexit», a-t-elle affirmé, assurant qu'«un nouveau délai pourrait détruire le Brexit». Adopter le texte permettrait d'«éviter une sortie brutale dans deux semaines, d'éviter les élections européennes, d'éviter un long report, qui retarderait ou annulerait le Brexit», leur a déclaré la dirigeante conservatrice.
«A tout ceux qui ont voté pour quitter l'UE ou dont les électeurs ont voté pour partir, s'ils votent contre le traité, sera posée la question "Pourquoi n'avez vous pas voté pour le Brexit ?"», a-t-elle encore lancé à l'attention des députés conservateurs opposés au texte.
Le chef du gouvernement britannique a également fait part de sa déception de ne pas avoir pu mener le Brexit à son terme en ce 29 mars, date initialement prévue : «Ne pas quitter l'Union européenne aujourd'hui alors que c'était la date prévue est un regret important pour moi.»
Sans surprise, Jeremy Corbyn, le chef de file des travaillistes a réaffirmé devant le parlement son opposition à l'accord de sortie négocié par Theresa Mays. Il s'est dit convaincu qu'un «meilleur accord [était] possible», arguant qu'il fallait revenir à la table des négociations avec l'Union européenne.
Les députés britanniques sont appelés à voter ce 29 mars sur l'accord de divorce avec l'Union européenne, dont l'adoption ouvrirait la voie à un Brexit le 22 mai. Poussée dans ses retranchements, le Premier ministre Theresa May a accepté de remettre sa démission en cas de vote en faveur de l'accord, afin de s'assurer le soutien des partisans d'un Brexit dur.
Le texte, conclu entre Londres et Bruxelles en novembre à l'issue de 17 mois de négociations fastidieuses, a déjà été massivement rejeté à la Chambre des communes à deux reprises, en janvier puis en mars. Le vote, prévu à 15h30, portera uniquement sur le Traité de retrait, et pas sur la Déclaration politique qui l'accompagne.
S'il venait à être rejeté, Londres aura jusqu'au 12 avril pour présenter une alternative et demander un nouveau report. Une option qui impliquerait selon toutes vraisemblances la participation du Royaume-Uni aux élections européennes fin mai. En cas de refus, le Royaume-Uni se dirigerait vers une sortie sans accord, un Brexit dur.
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