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Algérie : un report de l’élection présidentielle... et après ?

Face à la pression pacifique de la rue, Abdelaziz Bouteflika renonce à un cinquième mandat. Pour autant, la proposition d'une transition pilotée par le camp présidentiel pour sortir de la crise politique risque fort d'en engendrer une autre...

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a annoncé ce 11 mars qu'il renonçait à briguer un cinquième mandat à la tête du pays. Initialement prévue pour le 18 avril, l'élection présidentielle a quant à elle été reportée sine die. Sa décision intervient après près d’un mois de manifestations massives et pacifiques contre sa candidature.

Une impasse politique à l’origine du report de l’élection présidentielle

Si de nombreux Algériens ont exprimé leur rejet d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, ils n’ont pas pour autant plébiscité, pour l’heure, une personnalité censée incarner une alternative crédible. L’opposition ? Pour une grande partie de la population, elle suscite la méfiance.

L’accueil froid voire hostile des manifestants réservé à certains leaders politiques qui ont souhaité physiquement participer au mouvement de protestation en est la preuve concrète. Le très méconnu général à la retraite Ali Ghediri, candidat déclaré face à Abdelaziz Bouteflika, ou encore la présidente du parti des Travailleurs Louisa Hanoune, en ont fait les frais. Tous deux, et bien d'autres leaders politiques, ont été conspués dès leur apparition aux côtés des protestataires.

De son côté, Rachid Nekkaz, le nouveau trublion de la vie politique algérienne, a certes réussi à créer un réel engouement chez une frange de la jeunesse algérienne autour de sa candidature, mais doit encore convaincre bien au-delà. L'ancien bi-national franco-algérien a en effet provoqué la stupeur en présentant son cousin homonyme à l'élection présidentielle, pour éviter de voir sa candidature à la présidentielle algérienne invalidée.

Un subterfuge très commenté mais surtout très critiqué sur les réseaux sociaux. De nombreux Algériens estimant que l’homme d’affaires avait, par cet acte, porté un coup de grâce à sa crédibilité et en même temps à celle du pays. 

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Par ailleurs, l’émergence sur la scène politique d'une proposition visant à l’instauration d’une transition présidée par des «sages» loués pour leur intégrité intellectuelle témoigne qu’une alternance politique en Algérie ne peut se concrétiser qu’après une remise à plat d’un système politique vilipendé. 

La proposition de sortie de crise du camp présidentiel fera-t-elle «pschitt» ?

Si le renoncement d’Abdelaziz Bouteflika a réjoui, instantanément, de nombreux contestataires, son maintien de facto au pouvoir, au moins jusqu'à fin 2019, après la tenue d'une conférence nationale, n’est pas sans faire grincer des dents. Ce prolongement du mandat du chef de l’Etat algérien est en effet déjà perçu comme une tentative du cercle présidentiel de se maintenir coûte que coûte au pouvoir.

Cette proposition de sortie de crise émanant du camp présidentiel, cible de toutes les critiques, pourrait bien être rejetée par une partie non négligeable des Algériens. «Scandale», «complot», «viol de la constitution» : l'idée d'une transition dont les modalités et le calendrier sont déjà définis sans consultation irrite en effet déjà au plus haut point sur la toile. Conséquence : les appels à maintenir la manifestation prévue le 15 mars pour pousser le président algérien à quitter ses fonctions dès le 18 avril n’ont pas tardé à fleurir sur les réseaux sociaux.

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Malik Acher