«Captain Europe», le super-héros fédéraliste qui veut vous faire voter aux européennes
Le Parlement européen fait la promotion d'un super-héros excentrique afin d'inciter les électeurs à aller voter lors des prochaines échéances, le 26 mai. Or, ce «Captain Europe», qui tient également un discours politique, ne fait pas l'unanimité.
Après les «Euro-lapins» promus par le mouvement pro-européen Pulse of Europe, c'est au tour d'un certain «Captain Europe» d'encourager les électeurs à se rendre aux urnes pour les élections européennes du 26 mai 2019. Le taux d'abstention est en effet traditionnellement élevé pour ce scrutin ; en France, il atteignait pour les dernières élections de 2014 un peu plus de 57% des inscrits.
Le 26 mai, dans 3 mois jour pour jour, @captain_europe votera aux élections européennes pour choisir son représentant ds l'hémicycle du Parlement européen. A l'instar de notre star, #cettefoisjevote pour l'Europe de mon choix ! Et vous, pour quelle cause ? https://t.co/Qn1rFMz3DPpic.twitter.com/6HRqF5D1a4
— Parlement européen (@PEStrasbourg) 26 février 2019
Ressemblant à un Superman loufoque aux couleurs de l'Europe, le super-héros présenté sur Twitter par le Parlement européen arbore notamment un drapeau étoilé de l'Union européenne en guise de cape, un tricorne bleu et un slip jaune muni de nombreuses sacoches... «Le 26 mai, dans 3 mois jour pour jour, @captain_europe votera aux élections européennes pour choisir son représentant dans l'hémicycle du Parlement européen. A l'instar de notre star, #cettefoisjevote pour l'Europe de mon choix !», tweete le Parlement européen.
Le super-héros fictif a droit à son propre compte Twitter, en langue anglaise, via lequel il prône la «résistance» face au «fascisme» qui serait «de retour». Il regrette qu'à notre époque, «la nouvelle norme est d'être xénophobe» et les gens pensent que «construire des murs est une bonne idée». La mission du capitaine ne se limite donc pas à encourager la participation aux élections mais revêt une dimension plus idéologique.
#Fascism is back
— Captain Europe 🇪🇺 (@captain_europe) 22 juin 2018
I didn't believe it would return so fast and so quietly
Now #History is giving us a chance not to repeat the same mistakes again ! Who's joining the new #Resistance ?
Our modern times, in which the new norm is to be xenophobe, in which people think building walls is a good idea, in which human rights are neglected in favour of material well being.
— Captain Europe 🇪🇺 (@captain_europe) 4 juillet 2018
Se présentant comme un «véritable fédéraliste», «Captain Europe» défend également l'UE et l'action de ses institutions, par exemple le droit à l'oubli sur internet.
Dear @federalists, we have witnessed the vote of several MEPs (namely from the @EPP group) against #TransnationalLists.
— Captain Europe 🇪🇺 (@captain_europe) February 7, 2018
Please take action against these members and revoke the UEF membership, starting with your president @ElmarBrok_MEP.
Kind regards,
a true federalist
The EU protects your right to be forgotten online. 👻 💻 #ThankEU#thisiswhy#dataprotectionpic.twitter.com/fTRrapUlmW
— WhyEurope (@WhyEuropeORG) 23 octobre 2018
Une campagne qui exaspère les souverainistes
Si «Captain Europe» semble certain de lutter pour la bonne cause, il soulève de nombreuses moqueries et critiques sur les réseaux sociaux, en particulier parmi les contempteurs de l'Union européenne et du fédéralisme européen.
Le président des Patriotes Florian Philippot, partisan du Frexit, reconnaît ainsi dans ce super-héros bleu et jaune «la politique selon l’UE», à savoir s'adresser à un «citoyen enfant qui, surtout, ne doit pas réfléchir mais se laisser guider dans le monde enchanté de "l’Europe"».
Captain Europe c’est vraiment la politique selon l’UE : le citoyen enfant, qui surtout ne doit pas réfléchir mais se laisser guider dans le monde enchanté de « l’Europe ».
— Florian Philippot (@f_philippot) 28 février 2019
Frexit va faire rentrer Captain Europe à la maison le 26 mai ! https://t.co/sxAi9grLnn
Sur Twitter, La Critique de la raison européenne, association d’étudiants de SciencesPo Paris militant pour l’indépendance de la France, s'interroge : «Comment les conseillers com’ de l’UE ont pu se dire "Tiens on va mettre un type en combi moulante et slip façon SM aux couleurs de l’UE qu’on appellera "Captain Europe", et ça va donner envie aux gens d’aimer l’Union europenne"?»
En voyant ce tweet une question se pose...
— Critique de la Raison Européenne (@CRE_SciencesPo) 28 février 2019
Comment les conseillers com’ de l’UE ont pu se dire « Tiens on va mettre un type en combi moulante et slip façon SM aux couleurs de l’UE qu’on appellera Captain Europe, et ça va donner envie aux gens d’aimer l’Union europenne » ? https://t.co/bKuX1vdFGw
L'écrivain et physicien Johann Margulies considère qu'avec «Captain Europe», «la décadence a un visage». Le super-héros est vu comme «le boss final du mépris».
Après les euro-lapins et autres dessins animés pour nous expliquer, nous petits enfants électeurs, comment voir le monde, je vous présente le boss final du mépris: @captain_europe pour ne pas oublier de voter pardi !
— Johann Margulies (@JohannMargulies) 27 février 2019
La décadence a un visage, c’est l’Europe de la genance. https://t.co/fvwG8J20OJ
Dans une tribune pour le Figarovox du 28 février, l'écrivain et éditorialiste David Desgouilles, pour sa part, voit dans «Captain Europe» «la mascotte du Parlement européen qui infantilise les électeurs».
Face aux critiques, «Captain Europe» a tenu à préciser que son action était une «initiative personnelle» remontant à 2006, qui ne coûtait pas «un centime» au contribuable.« Les institutions n'[ont] en effet rien à voir dans la naissance [de Captain Europe]», assure-t-il.
C'est une initiative personnelle qui remonte à 2006, et les institutions n'avaient en effet rien à voir dans la naissance de @captain_europe 🙂
— Captain Europe 🇪🇺 (@captain_europe) 28 février 2019
Pas un centime du contribuable, vous pouvez dormir tranquille 😊
— Captain Europe 🇪🇺 (@captain_europe) 28 février 2019
Ce n'est pas tout à fait la première apparition de «Captain Europe» : le Huffington Post rappelle que le super-héros a été créé au milieu des années 2000 (avec un style différent) dans la foulée de l'échec du Traité constitutionnel européen, et a été un temps incarné par un fonctionnaire européen.