Assange-Manafort : Wikileaks lève 50 000 dollars pour intenter un procès au Guardian
Wikileaks va intenter un procès au Guardian, qui avait publié un article faisant état d'une rencontre entre Julian Assange et Paul Manafort, un ex-collaborateur de Donald Trump. Une information non étayée et remise en question par les médias.
Le site Wikileaks a déclaré avoir récolté suffisamment de fonds pour intenter un procès au journal britannique le Guardian, qu'il accuse d'avoir publié «des histoires fabriquées de toutes pièces» au sujet d'une rencontre présumée entre Julian Assange et l'ancien directeur de campagne de Donald Trump Paul Manafort. Lancée le 27 novembre sur le site de financement participatif Gofundme, la campagne a atteint la barre des 50 000 dollars le 14 janvier. «Merci au 1 270 donateurs. Une action en justice va maintenant commencer (mais il en faut plus pour aller jusqu'au bout)», a tweeté le site fondé par le lanceur d'alerte Julian Assange.
WikiLeaks fund to sue the Guardian for publishing fabricated front page stories has hit $50,000. Thanks to all 1270 donors so far. Legal action will now commence (but more is required to complete). https://t.co/VaoMESN5RO
— WikiLeaks (@wikileaks) 14 janvier 2019
Dans un article exclusif publié le 27 novembre – et qui a fait grand bruit – le Guardian,s'appuyant sur ses sources, avait fait état de plusieurs rencontres entre Paul Manafort et Julian Assange, en 2013, 2015, puis 2016. Le quotidien, citant une source «haut placée», avait entre autre soutenu que Paul Manafort avait eu une discussion secrète avec le lanceur d'alerte en mars 2016 à l'ambassade d'Equateur à Londres, soit quelques mois avant la publication par WikiLeaks de documents dévastateurs pour Hillary Clinton.
Cela va être un désastre médiatique aussi célèbre que les Carnets d'Adolf Hitler publiées par Stern
Des allégations non étayées de preuves, et fermement niées par Paul Manafort, qui les a qualifiées de «totalement fausses et volontairement diffamatoires». L'analyse de ses trois passeports ne montre d'ailleurs aucune trace d'une éventuelle entrée sur le territoire britannique à ces dates. Aucune trace non plus de ces visites présumées sur les caméras de vidéosurveillance de ce qui doit être l'une des ambassades les plus surveillées du monde, ni sur le registre des visiteurs de l'ambassade.
Wikileaks avait pour sa part mis au défi le quotidien d'accepter un pari d'un million de dollars portant sur la réalité de telles rencontres. Selon le site, l'auteur de l'article, Luke Harding, a délibérément reçu de fausses informations de la part d'agences de renseignement, qu'il n'a pas cherché à recouper. Une piste que Politicoenvisageait sérieusement dès le lendemain de la parution de l'article. «Cela va être un désastre médiatique aussi célèbre que les Carnets d'Adolf Hitler [un faux publié par le magazine allemand] Stern», avait prédit Wikileaks dans un message sur Twitter.
Alors que ces accusations étaient censées établir de façon définitive un lien entre Donald Trump et la Russie, le Guardian considérant comme acquis que le site serait lié à Moscou (sur la base d'une enquête menée en 2016 par une entreprise privée embauchée par... le parti démocrate américain), elles étaient pourtant mises en doute quelques jours après la parution de l'article. Et pour cause, comme le rappelait début janvier le journaliste Glenn Greenwald dans l'Intercept :«Cinq semaines après le succès de Blockbuster viral du Guardian Assange-Manafort, aucune preuve n’a émergé.»
Happy 3-week anniversary to this blockbuster @Guardian story!
— Glenn Greenwald (@ggreenwald) December 18, 2018
* No media outlet has confirmed it.
* No photo/video evidence has emerged.
* Ex-embassy official called the story "fake."
* Guardian refuses to talk about or retract it.
Why do people not trust media outlets?? https://t.co/RUJgKYYS4V
Soulignant les incohérences de l'article du journal britannique, le Washington Post notait pour sa part qu'il avait rapidement été corrigé pour en atténuer le ton et les certitudes qui s'en dégageaient. Le journaliste, qui s'est fait discret sur Twitter dans la foulée de la parution de son article, n'a toujours pas commenté les nombreuses interrogations qu'il suscite.