Emmanuel Macron passe le week-end à N'Djamena, au Tchad, pour réveillonner avec les soldats de la force Barkhane et rencontrer le président tchadien Idriss Déby, allié de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Il passe cette journée du 22 décembre sur la base militaire avec les quelque 1 000 militaires français et partagera avec eux un dîner de Noël préparé par le chef de l'Elysée Guillaume Gomez, qui a tweeté le 20 décembre les photos des provisions acheminées sur place pour l'occasion.
L'an dernier, le président avait réveillonné avec les quelque 500 soldats français de Barkhane basés à Niamey, au Niger, illustration de l'importance stratégique pour la France de cette bande sahélo-saharienne où se télescopent de nombreux enjeux, notamment diplomatiques, sécuritaires et migratoires.
Sur la base de N'Djamena, où est installé le poste de commandement de l'opération Barkhane, ainsi qu'un détachement aérien et des éléments de soutien et de transmission, le chef de l'Etat, accompagné de la ministre des Armées Florence Parly, rencontrera le général Frédéric Blachon, commandant de Barkhane depuis juillet, qui lui dressera un bilan de ses opérations.
L'objectif de la France est d'accroître son partenariat avec la nouvelle force anti-djihadiste du G5 Sahel, mise sur pied avec l'appui de la France entre cinq pays du Sahel : Mauritanie, Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad.
L'opération Barkhane, lancée par la France au Sahel depuis 2014 et forte actuellement de 4 500 militaires, a réussi à faire reculer l'activité des groupes armés terroristes dans la région, affirme l'Elysée.
Les groupes djihadistes ont été en grande partie chassés du nord du Mali par l'intervention militaire française, mais ont en revanche regagné du terrain dans le centre de ce pays, et le phénomène s'étend au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.
Le chef de l'Etat burkinabé Roch Marc Christian Kaboré était cette semaine à Paris, où il s'est entretenu avec Emmanuel Macron, qui lui a assuré que la France resterait engagée au Sahel «jusqu'à ce que la victoire soit complète».
Le Tchad subit quant à lui des menaces de déstabilisations sur toutes ses frontières. En particulier à l'ouest, avec l'insurrection islamiste de Boko Haram, qui a intensifié ses attaques dans la région du lac Tchad, au nord frontalier de la Libye en crise, et au sud, où 80% du territoire de la République centrafricaine est sous la coupe de groupes armés.
La menace de Boko Haram
«La menace de Boko Haram sera au cœur des discussions du président de la République avec son homologue tchadien», a souligné l'Elysée.
La France apporte aussi une aide structurelle à l'armée tchadienne de 4 millions d'euros par an, notamment en carburant, y compris pour ses opérations dans la zone du Tibesti, où des combats opposent l'armée tchadienne à un comité autoproclamé d'autodéfense d'habitants du massif du Tibesti.
Les deux dirigeants, qui déjeuneront ensemble le 23 décembre, devraient aussi faire le point sur le déploiement de la force du G5 Sahel, qui n'a reçu pour l'instant qu'environ 100 millions d'euros sur les 400 millions promis par la communauté internationale.
La présence de plus en plus marquée de la Russie en Centrafrique, qui irrite la France, ancienne puissance coloniale dans la région, devrait également être au menu des discussions.
Emmanuel Macron profitera en outre de sa visite pour rencontrer le 23 décembre au matin des Tchadiennes dans la Maison de la Femme à N'Djamena, «seul lieu au Sahel dédié aux femmes», selon l'Elysée, un sujet sur lequel le président français se dit très mobilisé.
«Ce lieu de mobilisation locale assez exceptionnel sur l'égalité femmes-hommes, qui propose des formations professionnelles, sera l'occasion d'une rencontre avec une société civile très structurée et très revendicative», a noté la présidence française, en rappelant qu'au Tchad, 80% des femmes sont illettrées et 70% sont mariées avant leurs 18 ans.
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