Testament politique : Merkel appelle son parti à défendre les valeurs «démocratiques et chrétiennes»
Alors qu'elle s'apprête à en quitter la présidence, Angela Merkel s'est adressée aux 1 001 délégués de la CDU qui sont réunis à Hambourg pour élire son successeur. Elle a multiplié les conseils et les mises en garde.
Angela Merkel a lancé un appel relativement rare dans sa bouche à défendre les valeurs «chrétiennes» et «démocratiques» face à la montée des tendances nationalistes et populistes dans le monde. Dans ce qui était son dernier discours de présidente de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) à Hambourg, ce 7 décembre, elle a délivré un message aux airs de testament politique.
«En ces moments difficiles, nous ne devrions pas oublier nos valeurs chrétiennes et démocrates», a lancé la chancelière lors d'un congrès à Hambourg, où 1 001 délégués doivent désigner plus tard dans la journée son remplaçant, après 18 ans de règne à la tête du parti.
Angela Merkel, qui quitte la présidence du parti mais entend rester chancelière jusqu'à la fin de son mandat en 2021, a dressé une longue liste des dangers actuels comme «la remise en cause du multilatéralisme, un repli sur le national, la réduction de la collaboration internationale» et les menaces de «guerre commerciale» – une référence évidente à la politique du président américain Donald Trump.
Elle a aussi mis en garde «contre des guerres hybrides ou la déstabilisation de sociétés par des "fake news"».
La future présidence du parti, et en conséquence probablement le futur poste de chancelier en Allemagne, va se jouer entre une fidèle de la chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer, 56 ans, et le rival de toujours d'Angela Merkel, le millionnaire Friedrich Merz, qui entend opérer un net virage à droite.
Dans son discours, la chancelière a défendu son héritage, rappelant que le parti était «à terre» quand elle en pris les rênes en 2000, juste après un scandale de caisses noires à la fin de l'ère d'Helmut Kohl. Force est néanmoins d'admettre que l'état dans lequel elle le léguera à son successeur ne lui rendra pas la tâche facile, après une série de déconvenues électorales particulièrement dures, notamment à cause de la progression du parti anti-migrants Alternative pour l'Allemagne (AfD).