Menacé par des islamistes radicaux, l'avocat d'Asia Bibi quitte le Pakistan
Le cas d'Asia Bibi est loin d'être clos. Depuis son acquittement, des milliers d'islamistes ont manifesté leur mécontentement. Face aux menaces qui le visaient, l'avocat de la Pakistanaise chrétienne s'est même dit contraint de fuir son pays.
Saif-ul-Mulook, l'avocat qui a défendu la Pakistanaise chrétienne Asia Bibi, qui risquait la peine de mort pour blasphème, a décidé de quitter son pays ce 3 novembre, expliquant à l'AFP, avant d'embarquer dans son avion : «Dans le scénario actuel, il ne m'est pas possible de vivre au Pakistan.» Et d'ajouter : «J'ai besoin de rester en vie car je dois poursuivre la bataille judiciaire pour Asia Bibi.» L'avocat ne s'est vu accorder aucune protection rapprochée après le verdict en faveur de sa cliente.
🇵🇰🔴#Pakistan - Sai-ul-Maalook, avocat de #AsiaBibi a quitté le #Pakistan ce matin. "Ce n'est plus possible pour moi de vivre au Pakistan." pic.twitter.com/V7DihkOAIu
— SOS Chrétiens d'Orient (@SOSCdOrient) 3 novembre 2018
Les islamistes radicaux ont en effet très violemment réagi à l'annonce de l'acquittement d'Asia Bibi. Des manifestations, dont les images ont été largement relayées sur les réseaux sociaux, ont été organisées dans plusieurs villes du pays. Dans une vidéo diffusée le 1er novembre sur le compte de l'association SOS Chrétiens d'Orient, on pouvait d'ailleurs voir le portrait de l'avocat piétiné par les manifestants en colère.
🔴🇵🇰#Pakistan - Les islamistes radicaux piétinent des portraits de #ImranKhan, premier ministre du pays et selon toute vraisemblance de Saif-ul-Malook, avocat de #AsiaBibi ! pic.twitter.com/iU92TZvcfW
— SOS Chrétiens d'Orient (@SOSCdOrient) 31 octobre 2018
A ces manifestations, l'avocat réagit : «Je m'y attendais mais ce qui est douloureux, c'est la réponse du gouvernement. Ils ne peuvent même pas [faire] appliquer un jugement de la plus haute cour du pays.» Le gouvernement pakistanais et les manifestants ont en effet annoncé être parvenus à un accord le 3 novembre. Selon l'AFP, le texte en cinq points prévoit notamment que le gouvernement ne s'opposera pas au dépôt d'une requête en révision du jugement de la Cour suprême et qu'il lancera une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire. Ce qui pourrait signifier que la chrétienne pakistanaise ne serait finalement pas tirée d'affaire.
Pour Saif-ul-Mulook, cet accord implique que sa cliente devra rester en prison ou dans un autre endroit sûr en attendant l'examen de sa requête, déclarant : «Sa vie serait plus ou moins la même, que ce soit à l'intérieur d'une prison ou à l'extérieur, à l'isolement en raison de craintes sécuritaires.»
Mère de cinq enfants, Asia Bibi avait été condamnée en 2010 à la peine capitale pour blasphème à la suite d'une dispute avec une musulmane au sujet d'un verre d'eau. Elle a été acquittée le 31 octobre.