L'Equateur n'a plus l'intention d'intercéder auprès du gouvernement britannique en faveur du fondateur de Wikileaks Julian Assange, réfugié dans l'ambassade équatorienne à Londres depuis 2012. Le ministre équatorien des Affaires étrangères José Valencia a confié le 23 octobre dans une interview à Reuters que la seule responsabilité de Quito était de veiller au bien-être du lanceur d'alerte, qui a récemment décidé de poursuivre en justice l'Equateur en raison des conditions qui lui sont imposées pour son asile.
«Nous ne sommes ni les avocats de monsieur Assange, ni les représentants du gouvernement britannique. C'est un problème qui doit être résolu entre [Julian] Assange et la Grande-Bretagne», a ainsi fait valoir le diplomate. Cette décision marque une rupture avec la position de Quito, qui maintenait jusqu'à présent le dialogue avec les autorités britanniques sur la situation du fondateur de Wikileaks. José Valencia s'est par ailleurs dit «frustré» par la décision de Julian Assange d'engager une action en justice devant un tribunal équatorien concernant ses nouvelles conditions d'asile.
Celles-ci visent notamment les visiteurs du fondateur de Wikileaks, contraints de fournir quantité d'informations personnelles (professions, lieu de travail, comptes de messagerie et de médias sociaux, etc.) et de données concernant leurs appareils électroniques (numéros de série mais aussi IMEI des téléphones, ces numéros d'identification uniques propres à chaque appareil téléphonique). Quito se réserve le droit de recourir à la police britannique pour arrêter des visiteurs ou saisir du matériel de communication si cette longue liste de règles venait à être enfreinte. Et l'Equateur a également menacé de placer le célèbre chat de Julian Assange dans un refuge pour animaux si les services de l'ambassade estimaient que celui-ci n'était pas suffisamment bien entretenu...
Contrairement au précédent gouvernement dirigé par Rafael Correa, qui avait accordé la citoyenneté au lanceur d'alerte, le gouvernement de Lenin Moreno a très clairement changé de cap, et tient à se distancer de Julian Assange. Le président équatorien n'a jamais caché son désir de se débarrasser de l'homme qu'il a qualifié de «problème hérité».
Julian Assange est confiné depuis 2012 à l'ambassade d'Equateur, où il s'est réfugié pour ne pas être extradé vers la Suède, en raison d'accusations d'agressions sexuelles. Des accusations classées sans suite le 19 mai 2017. Mais le lanceur d'alerte craint, s'il quitte le bâtiment, d'être arrêté par la police britannique, pour être remis aux autorités américaines. Washington souhaite en effet le traduire en justice pour avoir révélé des secrets d'Etat, et en particulier des documents embarrassants émanant de la CIA.
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