Jeudi 18 octobre
«J'aimerais remercier tous les experts [... ] de venir en Russie pour nous parler parce que ça nous donne la possibilité de faire comprendre notre position», a conclu Vladimir Poutine, mettant un terme à plus de deux heures et demie de questions et de réponses.
Prenant la parole en anglais, l'ex-Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin s'est inquiété d'un niveau de «dangerosité» selon lui inédit dans le monde. Et de s'interroger : «Comment développer une culture de la paix ?»
«Evidemment nous pourrions parler de ce sujet très très longtemps», a observé Vladimir Poutine. Et le président de poursuivre en notant que la disparition de l'URSS avait donné lieu à un monde unipolaire dominé par les Etats-Unis, et de voir une solution possible dans un monde où les relations seraient multilatérales. «Je pense que c'est inévitable, plus vite cela arrive mieux c'est», a-t-il conclu.
Vladimir Poutine a abordé le sujet controversé de la réforme des retraites en Russie. Selon lui, c'est une mesure inévitable à laquelle il faudra tôt ou tard recourir. Dans le même temps, le président a souligné qu'il comprenait parfaitement les personnes qui ne souhaitaient pas relever l'âge de la retraite.
«Savez-vous quel est la particularité de la Russie ? Nous avons des gens intelligents. Ils n'approuvent pas [cette mesure], mais ils comprennent que l'État se doit de le faire», a-t-il déclaré.
Vladimir Poutine a noté la réorientation de l’économie russe, se détournant de l’Europe vers l’Asie. Et le président russe de comparer les Etats-Unis à un empire reposant sur le dollar.
«Je ne veux blâmer personne [...]Ce sont des empires qui peuvent se permettre d’avoir des pertes mais à un moment les pertes dépassent les capacités et le potentiel de l’empire […] et apparemment nos amis ont agi de cette façon», a-t-il commenté.
Revenant sur l'affaire Khashoggi, ce journaliste disparu après s'être rendu au consulat de l'Arabie Saoudite d'Istanbul en Turquie, Vladimir Poutine a pointé du doigt Washington.
«Il a vécu aux Etats-Unis. C’est de la responsabilité des Etats-Unis», a-t-il estimé, déclarant qu'il n'endommagerait pas les relations entre la Russie et l'Arabie saoudite avant de savoir ce qu'il s'était réellement passé dans le consulat saoudien d'Istanbul.
Un producteur de fromage russe remercie Vladimir Poutine pour les sanctions. Le président russe corrige : «Il faut remercier les Américains.»
Les sanctions économiques imposées depuis 2014 à la Russie par les Occidentaux ont, paradoxalement dopé le secteur agro-alimentaire russe, en créant de facto des conditions protectionnistes favorables aux producteurs russes. «Il faut créer de la concurrence sur le marché», a tempéré Vladimir Poutine.
Le modérateur de la discussion a observé, à la forme interrogative : «Vous êtes l’une des trois personne sur lesquelles repose le monde...»
«Et alors ?», a rétorqué Vladimir Poutine.
«Ca ne vous fait pas peur ?», a clarifié le modérateur.
«Non», a répondu Poutine.
Vladimir Poutine a déclaré que Moscou ne serait prêt à utiliser les armes nucléaires que si la Russie était convaincue que l’agresseur était sur le point d'attaquer. «Lorsque nous voyons que l'attaque est dirigée contre la Russie, ce n'est qu'après que nous ripostons. Bien sûr, c’est une catastrophe, mais nous ne pouvons pas en être l’initiateur», a-t-il déclaré.
«L’agresseur devrait savoir que nous, les martyrs, nous irons au ciel et que l’agresseur va simplement crever simplement avant qu’il ne se repente», a-t-il lancé.
Vladimir Poutine a de nouveau abordé le sujet de la Crimée: «La Crimée est à nous mais pas parce qu'on est venu la prendre», a-t-il déclaré faisant référence au référendum tenu en 2014.
«Nous sommes tous démocrates ici. Qu'est ce que la démocratie? Le pouvoir du peuple, qui est vérifié par des référendums. Les gens sont venus en Crimée et ont voté. Il n'y a pas eu de référendum au Kosovo », a-t-il ajouté.
Question posée à Poutine: «De quels conflits la Russie at-elle peur ?»
Réponse : «Aucun. Nous n'avons peur de rien du tout. Nous avons un pays avec un tel territoire, avec une telle défense, avec une telle population, prêt à défendre ses intérêts »
Vladimir Poutine a ajouté que tous les pays ne prédisposaient pas les citoyens à donner leur vie pour leur patrie. «Nous en avons un», a-t-il déclaré.
A l'occasion de sa visite officielle le 11 novembre 2018, commémoration du centenaire, Vladimir Poutine promet qu'il passera dans les locaux de RT France.
Sur la présence de forces pro-iraniennes en Syrie, Vladimir Poutine a affirmé que les Etats belligérants qui se sont invités dans le conflit, et qui dénonce l'Iran devraient commencer par garantir qu'ils ne s'ingèreraient pas dans les affaires intérieures syriennes.
«Pour que la Syrie renonce aux services de ses alliés [dont l'Iran et la Russie], il faut créer les conditions d'un Etat en Syrie», a précisé le président russe.
Sur les relations entre la Russie et les Etats-Unis, Vladimir Poutine s'est montré confiant. «Faire augmenter cette hystérie ce n'est pas notre méthode», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «Nous on a avec [Donald Trump un dialogue professionnel et normal», a-t-il jugé, concédant : «Nous avons des points de vue différents».
«Il est très utile d'avoir une crise très forte pour que les partenaires prennent conscience du danger», a-t-il estimé, faisant référence aux épisodes de tensions extrêmes avec la coalition dite arabo-occidentale dirigée par les Etats-Unis en Syrie, mais aussi aux accusations récurrentes d'ingérence russe supposée dans les élections occidentales.
Vladimir Poutine, répondant à la question sur le risque pris en Syrie par la Russie, a déclaré que la Russie avait pour mission d'éviter le pire. Le Président a souligné que, par ses actions, la Fédération de Russie avait évité le danger en causant des dommages considérables aux terroristes. Certains d'entre eux avaient refusé de poursuivre leurs activités, avaient déposé les armes et préservé l'État syrien.
«Nous avons causé des dommages considérables au terrorisme et avons certainement changé radicalement la situation chez nous, en Russie», a-t-il déclaré.
Vladimir Poutine est revenu sur la situation sur la rive gauche de l'Euphrate en Syrie où, selon lui, les Etats-Unis s'appuient sur leurs alliés kurdes. Mais dans le même temps il reste des poches contrôlées par Daesh. Le chef d'Etat russe a rappelé par ailleurs que, récemment, les terroristes avaient capturé 130 familles et promis d'exécuter dix personnes par jour.
«Profitant de leur totale impunité, des terroristes de Daesh ont attaqué le 13 octobre un camp de réfugiés dans la localité d'al-Bahra. Au cours de ce raid, ils ont capturé 130 familles, soit 700 personnes au total, et les ont emmenées à Hadjin», avait précédemment déclaré Vladimir Savtchenko, chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie.
«Il faut lutter contre le financement du terrorisme», a affirmé Vladimir Poutine s'exprimant sur le dossier syrien.
Vladimir Poutine sur l'intervention militaire russe en Syrie à la demande de Damas : il fallait éviter, selon lui, la «somalisation» du pays et ses conséquences.
Pour Vladimir Poutine, la tragédie de Kertch du 17 octobre est le résultat de la mondialisation.
Vladimir Poutine a pris la parole dans le cadre de la 15e édition annuelle du club de Valdaï. Plaisantant, le chef d'Etat a dit son espoir que la discussion ne dure pas des heures.
Dans l'assistance, on note la présence d'ex-Premier ministre de Jean-Pierre Raffarin et de l'ancien président de l'Afghanistan Hamid Karzai ainsi que l'ambassadeur russe à Paris jusqu'en 2017, Alexandre Orlov.
Attendu ce 18 octobre à la 15e réunion annuelle du Club de discussion Valdaï, le président russe Vladimir Poutine devrait s'exprimer sur les grands dossiers de l'actualité internationale.
Le Club de discussion Valdaï est un forum international annuel qui vise à rassembler des experts pour discuter de sujets internationaux importants.
Lire aussi : Corée du Nord, Syrie, JO... Retour sur les points forts du discours de Poutine au Club Valdaï (2017)