La 73e assemblée générale de l'ONU se poursuit à New-York
Réunis pour le rendez-vous annuel de la diplomatie mondiale, les chefs d'Etats et de gouvernements de la planète se penchent sur les grands enjeux du monde. Lors du quatrième jour, les ministres des Affaires étrangères chinois et russe s'expriment.
Sergueï Lavrov a affirmé que la Russie allait présenter un projet de résolution à la première commission de l'Assemblée générale pour promouvoir le dialogue, le non-recours à la force et le respect de la souveraineté des Etats par la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.
Il a par ailleurs appelé «l'ONU à jouer un rôle plus important [...] dans cette période troublée». Il a ainsi demandé aux Etats de «réapprendre à se mettre d'accord» : «Les diktats et les impositions de solutions extérieures ne s'inscrivent plus dans l'époque d'aujourd'hui. Il faut les jeter aux oubliettes.»
Sergueï Lavrov a en outre évoqué le dossier nord-coréen : «Nous nous félicitons des efforts diplomatiques pour dénucléariser la péninsule coréenne [...] qui s'inscrivent dans la logique de la feuille de route proposée conjointement par la Russie et la Chine.»
Le ministre a estimé que c'était un pas important pour l'aboutissement de la non-prolifération des armes de destruction massive.
Il a toutefois déploré que les Etats-Unis aient décidé de «se retirer du traité sur le nucléaire iranien alors que l'Iran respecte pleinement ses engagements au titre de la résolution 2231».«Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour préserver la validité de cet accord, entériné par le Conseil de sécurité des Nations unies», a soutenu Sergueï Lavrov.
Evoquant d'autres enjeux internationaux, Sergueï Lavrov a en outre considéré «qu'il fallait trouver des solutions mutuellement acceptables entre les parties [...] pour une paix pérenne» entre Israël et la Palestine.
Sur l'Ukraine, Sergueï Lavrov s'est inquiété du fait que «le radicalisme, le nationalisme, ainsi que le néo-fascisme connaissent un essor».
«Des criminels de guerre sont proclamés héros alors qu'ils avaient combattu sous la bannière SS et c'est là l'un des facteurs de la perpétuation de ce conflit ukrainien», a-t-il jugé.
«La seule façon de sortir de ce conflit est de réaliser pleinement les mesures du processus de Minsk [...] mais au lieu de mettre en œuvre ces accords, Kiev semble vouloir imposer des solutions militaires», a-t-il déploré.
Sergueï Lavrov est revenu sur le conflit en Syrie qui «dure depuis sept ans» et déplore que certains pays aient «tenté de renverser un régime légitime en s'appuyant sur des extrémistes». Pour le ministre russe des Affaires étrangères, cela a a «presque conduit à l'émergence d'un califat terroriste». Sergueï Lavrov a affirmé que la réalisation de «ce scénario» avait été empêchée par le processus d'Astana, dont la Russie fait partie.
«L'idée aujourd'hui est de reconstruire le pays afin de permettre le retour des millions de réfugiés qui ont fui la Syrie», a ajouté Sergueï Lavrov. «C'est cela qui devrait être la priorité des efforts internationaux», a-t-il appuyé.
Sergueï Lavrov a dénoncé plusieurs interventions «illégales» et «inefficaces» contre des dizaines de pays, comme «le blocus de Cuba, imposé par les Etats-Unis de manière unilatérale depuis plus d'un demi-siècle».
«Au lieu de la diplomatie, de la culture de la négociation et des compromis, on impose des restrictions unilatérales, sans l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies», a poursuivi le ministre russe des Affaires étrangères.
Sergueï Lavrov a estimé que la primauté du droit semble «aujourd'hui supplantée [...] par l'ordre mondial fondé sur des règles [...] qui sont élaborées dans le cadre d'un opportunisme politique évident, manifeste». «Des accusations sans fondement sont proférées contre tel ou tel pays, on essaie d'ébranler, de renverser, des gouvernements démocratiquement élus», s'est-il inquiété.
«D'autres pays sont menacés de représailles lorsqu'ils choisissent leurs propres partenaires alliés», a-t-il également dénoncé.
Le ministre russe des Affaires étrangères a aussi jugé que «les agressions [étaient] également de plus en plus nombreuses contre les institutions internationales». «On essaie de privatiser leur structure administrative en leur donnant des droits ou des prérogatives qui normalement relèvent normalement des organes inter-gouvernementaux», a-t-il ajouté.
Benjamin Netanyahou a reconnu «une conséquence positive» à l'Accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne en 2015 : «Israël et de nombreux Etats arabes ont pu se rapprocher plus que jamais, sont plus proches que jamais, nouant des liens d'amitié.»
Benjamin Netanyahou a appelé l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) à effectuer des inspections en Iran aux endroits dénoncés par Israël.
Il a par ailleurs accusé le Hezbollah d'utiliser «délibérément le peuple innocent de Beyrouth comme bouclier humain». Le Premier ministre israélien a montré sur une autre photo satellite des sites de missiles dans Beyrouth. «Israël sait aussi ce que vous êtes en train de faire», a menacé Benjamin Netanyahou, s'adressant au Hezbollah.
Benjamin Netanyahou en a conclu que l'Iran «n'avait pas renoncé à son objectif de mettre au point des armes nucléaires».
«Ce que cache l'Iran, Israël le trouvera», a-t-il prévenu.
Benjamin Netanyahou a également montré une autre photo qui serait, selon lui, l'entrée de l'installation secrète de l'entrepôt nucléaire iranien, donnant son adresse précise avec ses coordonnées géographiques. Il a en outre affirmé que, le mois dernier, les Iraniens avaient enlevé 15 kilos de matières radio-actives du site, en «l'étalant partout dans Téhéran pour essayer de cacher les preuves».
La 73e assemblée générale des Nations unies débute ce 25 septembre à New-York. Avec de nombreux dossiers au programme – des menaces au Moyen-Orient aux avancées en Corée du Nord – qui seront évoqués au cours de réunions bilatérales, de sessions ministérielles ou encore lors du One Planet Summit, dédié au changement climatique.
L'attitude de l'Iran et des Etats-Unis, qui s'invectivent mutuellement depuis le retrait de Washington en mai 2018 de l'accord sur le nucléaire iranien, sera au centre de l'attention.
Le secrétaire général Antonio Guterres s'est félicité d'une forte affluence de chefs d’Etats et de gouvernements (133 contre 114 en 2017). Il y a toutefois deux absents de marque. Le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue chinois, Xi Jinping, ont en effet décidé de rester dans leurs capitales respectives.