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Ce que fait l'aviation israélienne en Syrie, et pourquoi

Le crash d'un avion russe au large de la Syrie ravive les tensions entre la Russie et l'Etat hébreu, qui ne fait plus mystère de son engagement militaire. Avec pour justification permanente selon Israël : l'action de l'Iran et du Hezbollah en Syrie.

L'Etat hébreu agit de plus en plus ouvertement en Syrie, à mesure que les groupes armés djihadistes cèdent toujours plus de terrain face à l'armée régulière syrienne. Ce 18 septembre, un avion russe Il-20 a été abattu avec 15 soldats à son bord. Selon Moscou, c'est un tir malheureux de son allié syrien qui en est responsable. La Russie met en cause Israël et la confusion semée par ses provocations dans la zone.

Mais ce n'est pas la première fois qu'Israël s'invite sur le théâtre de guerre syrien. Lors d'une conférence de presse, le 4 septembre, l'armée israélienne avait annoncé qu'elle avait frappé à 202 reprises le territoire syrien depuis 2017. Selon cette déclaration rapportée par Reuters, ces frappes avaient pour cibles des positions iraniennes. De l'aveu même de Tsahal, un total de 792 missiles et bombes auraient été largués en Syrie.

L'Iran et le Hezbollah en Syrie : la grande crainte d'Israël

Il y a un an, en septembre 2017, l'armée syrienne mettait déjà en cause les frappes directes de l'aviation israélienne sur le territoire syrien, depuis l'espace aérien souverain du Liban.

De façon récurrente, Israël proclame son droit à l'ingérence en Syrie, affirmant que le pays pourrait devenir une base arrière de l'Iran, et de l'organisation islamiste du Hezbollah en particulier. En mai 2018, l'aviation israélienne lançait une attaque de grande envergure dans le sud de la Syrie, contre, selon Tsahal, des «infrastructures iraniennes». En juillet dernier, évoquant la «protection de la souveraineté israélienne», Benjamin Netanyahou annonçait l'envoi de troupes et de blindés sur le plateau de Golan, territoire syrien occupé par l'Etat hébreu depuis 1967 puis annexé en 1981.

Depuis, Israël persiste et assure n'avoir pour seul objectif que le maintien de la paix dans la zone, qui passe, selon elle, par le refoulement des combattants iraniens et du Hezbollah. Israël accuse régulièrement l'Iran et ses alliés de compromettre sa sécurité ainsi que son existence en tant qu'Etat.

Ce 18 septembre, l'armée israélienne a repris la même rhétorique à l'occasion du crash de l'avion Il-20 russe. «Israël tient pour pleinement responsable [...] le régime d'Assad [...] Israël tient également pour responsable l'Iran et le Hezbollah», a tweeté la communication de Tsahal.

Et l'armée israélienne d'accuser plus précisément : «Dans la nuit les avions de combats [israéliens] ont pris pour cible les forces armées syriennes, lesquelles s'apprêtaient à transférer des armes létales de précision au Hezbollah au Liban au nom de l'Iran.»

«Israël travaille en permanence pour empêcher ses ennemis d'obtenir des armes modernes», a encore martelé Benjamin Netanyahu ce même jour.

Pour autant, si l'Etat hébreu se donne le droit d'agir unilatéralement de façon préventive, il agit aussi, à l'occasion pour punir. Fin juillet 2018, Tsahal a annoncé avoir abattu à l'aide de deux missiles un avion de combat syrien, affirmant qu'il aurait pénétré dans son espace aérien. Selon les médias syriens, toutefois, le jet aurait au contraire été abattu dans l'espace aérien de la Syrie. «L'ennemi israélien confirme qu'il soutient les groupes armés terroristes [en] ciblant un de nos avions de chasse, qui frappait leurs groupes [armés]», avait alors protesté l'armée syrienne.

C'est la politique du fait accompli 

Répondant aux allégations d'Israël concernant une présence militaire iranienne en Syrie, le gouvernement syrien a répété, à de nombreuses reprises, que seuls des conseillers militaires iraniens avaient été officiellement invités. Le 2 juin 2018, lors d'une conférence de presse portant sur la situation de son pays, le chef de la diplomatie syrienne pointait ainsi du doigt les différences entre le rôle de l'Iran en Syrie et l'aspect illégal de la présence militaire américaine sur son territoire.

Ancien commandant en chef de la base de Mérignac (Gironde), Régis Chamagne résume ainsi la situation pour RT France : «Israël décide de ce qu'il fait et met tout le monde devant le fait accompli. C'est la politique du fait accompli».

Alexandre Keller

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