Les Tories craignent un complot de l'Ukip pour infiltrer leurs rangs et renverser Theresa May

Les Tories craignent un complot de l'Ukip pour infiltrer leurs rangs et renverser Theresa May© HO / AFP / PRU Source: AFP
Theresa May et Boris Johnson à la Chambre des communes en décembre 2017.
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Certains députés Tories s’affolent en constatant que de nombreux partisans ou membres de l'Ukip rejoignent en masse leur parti. Selon eux, une cabale viserait à évincer Theresa May et promouvoir un leader favorable à un «hard Brexit».

Une tragédie dans la grande tradition du théâtre élisabéthain se joue actuellement en Angleterre. Les tractations et stratégies politiques ont tout à coup pris des accents shakespeariens : les Tories, face à l’explosion des adhésions à leur parti ces derniers mois, notamment d’ex-adhérents du parti souverainiste anti-immigration Ukip, suspectent un complot qui aurait pour objectif d'évincer Theresa May et de placer un Premier ministre partisan d'un Brexit radical, réduisant au strict minimum les règles communes avec l'UE.

Plusieurs députés conservateurs, comme Stephen Hammond, Dominic Grieve, Anna Soubry, Nicky Morgan et Sarah Wollaston, se sont ainsi émus de cet afflux d’adhésions. Il ne peut selon eux s'agir d'un phénomène anodin compte tenu de son ampleur. En effet, depuis 2015, un conseiller Ukip sur dix s’est détourné du parti pour rejoindre le Parti conservateur, soit 36 sur 358. 

Mais plus étonnant encore : les antennes locales du parti conservateur font souvent état de spectaculaires hausses du nombre d'inscriptions. En moyenne dans tout le royaume, les adhésions ont augmenté de 30% sur les trois derniers mois. Le phénomène s'est encore accru fin août. Et les inscriptions à la conférence de rentrée des conservateurs en septembre ont considérablement augmenté par rapport à l'an dernier. Loin de réjouir le parti au pouvoir, cet engouement semble suspect.

Y aurait-il donc quelque chose de pourri au royaume du Brexit ? C'est l'avis de certains députés écœurés qui crient désormais au complot. Sarah Soubry parle d'«infiltration flagrante» pour «renverser le Premier ministre» tandis que Sarah Wollaston a dénoncé de l’«entrisme» laissant entrevoir la menace «d'un extrémisme empoisonné au pouvoir».

Les manœuvres du millionnaire Arron Banks

Car si les inscriptions ont connu un nouveau pic fin août, c'est en grande partie grâce à la démarche tonitruante d'Arron Banks, un ancien grand donateur de l'Ukip, déjà fondateur de la campagne Leave EU (Quitter l'Union européenne).  

Sur les réseaux sociaux, ce magnat des assurances, multimillionnaire, a incité le 18 août les conseillers de l'Ukip à rejoindre les conservateurs pour provoquer l'évincement de Theresa May. «Si nous voulons le Brexit pour lequel nous avons voté, il nous faut un Premier ministre pour l'assurer», plaide-t-il. «La plupart des Brexiters s’entendent pour dire que le plan de Theresa May est une trahison totale des valeurs conservatrices», a-t-il ensuite argumenté dans une tribune du Sunday Times parue le 26 août. Le 6 juillet, Theresa May avait en effet arraché à son gouvernement une position commune faisant la part belle aux règles de l'Union européenne, ainsi qu'une nouvelle zone de libre-échange avec le continent. Un compromis qui a suscité l'ire des partisans d'une sortie plus inconditionnelle, le fameux «hard Brexit».

Selon Arron Banks, il faudrait 50 000 nouveaux adhérents pour modifier les équilibres et permettre à aux conservateurs favorables à un «hard Brexit», comme Boris Johnson ou Jacob Rees-Mogg, de s’imposer dans le parti. «Je prie les 90 000 membres de ma campagne pour le Brexit Leave.EU et les 1,4 million d’abonnés qui me suivent sur les réseaux sociaux de rejoindre les conservateurs et d’avoir leur mot à dire». Dans ce texte, il esquisse les contours de cette véritable entreprise d'entrisme assumée et à grande échelle.

Le millionnaire a affirmé qu’à la suite de sa campagne, 3 000 personnes avaient cliqué sur l’onglet «Rejoindre les Tories». De nombreux nouveaux adhérents ne font d'ailleurs pas mystère de leurs intentions sur Twitter. «Aujourd'hui, j'ai rejoint le Parti conservateur pour espérer aider à destituer Theresa May la traîtresse», explique l'un d'eux. «Je viens de rejoindre le Parti conservateur. Impatient de choisir un nouveau leader», affirme cet internaute. 

Un appel à stopper les adhésions

Certains Tories craignent que cette infiltration massive dans les cellules locales conduisent à un infléchissement des orientations du parti, dans le sens d'un conservatisme accru, ainsi qu'à l'émergence d'une ligne pour un Brexit sans concessions. Elle menacerait même de faire perdre les sièges des députés pro-européens en bloquant leur candidature aux prochaines élections, grâce à leurs nombreux votes...

Avant le référendum, les Tories ne pouvaient s’enorgueillir en janvier 2018 que de 70 000 adhérents selon The Independant, tandis que les chiffres des années précédentes n'ont pas été dévoilés. Des résultats très faibles pour un parti dont le maigre plébiscite populaire ne reflète pas la proportion de leurs représentants au Parlement, soit 316 sur 650 à la Chambre des communes et 227 sur 789 à la Chambre des Lords. Mais en mai 2018, le président des Conservateurs, Brandon Lewis, avait fièrement annoncé des chiffres bien plus réjouissants, de l'ordre de 124 000 adhérents. Les agissements d'Arron Banks auront encore gonflé les rangs... à leur grand dam. La députée Anna Soubry a même appelé à cesser d'accepter les adhésions pour stopper le grand remplacement des Conservateurs.

Lire aussi : Nigel Farage prêt à revenir à la tête du UKIP si «la trahison du Brexit» a bien lieu

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