Scandale en Australie : un sénateur crie à sa collègue d'arrêter de «baiser avec des hommes»

Une polémique agite le Sénat australien depuis le 29 juin : un sénateur a hurlé à une sénatrice, en pleine séance parlementaire, qu'elle devait, selon lui, cesser de coucher avec des hommes. Malgré les remous de l'opinion, il refuse de s'excuser.
La sénatrice écologiste australienne Sarah Hanson-Young, le 29 juin dernier, en pleine séance à l'Assemblée, a essuyé un commentaire pour le moins virulent de la part de son collègue David Leyonhjelm. Pendant la discussion d'une motion sur le viol et les violences faites aux femmes, la majorité des votants, dont la sénatrice, avaient choisi de ne pas autoriser les femmes à s'armer. En minorité, le sénateur s'est écrié : «Tu vas devoir arrêter de baiser avec des hommes, Sarah !»
Earlier today in the Senate chamber, during a motion about violence against women & rape, Senator Leyonhjelm yelled across the chamber at me “you should stop shagging men, Sarah”.
— Sarah Hanson-Young💚 (@sarahinthesen8) 28 juin 2018
Sarah Hanson-Young témoigne sur son compte Twitter qu'elle est allée affronter l'homme pour s'assurer qu'elle avait bien entendu. Celui-ci a confirmé ses propos. Elle l'aurait alors traité de «pervers». Il lui aurait répondu d'aller «se faire foutre». La sénatrice a averti son parti et le président de la chambre. Ils ont à leur tour demandé des explications à David Leyonhjelm... qui a refusé de s'excuser.
Dans un tweet, la sénatrice a annoncé qu'elle «continue[rait] à faire front», et a demandé des conseils juridiques pour donner suite à son action.
Thank you for all the words of support and care; they mean a lot to me. I am seeking legal advice - as many of you have suggested. As a woman, a sister and a mother, I will continue to stand up. I will not be intimidated or bullied by offensive & sexist slurs.
— Sarah Hanson-Young💚 (@sarahinthesen8) 2 juillet 2018
Selon la sénatrice, cette affaire vient illustrer un phénomène pesant qui perdure depuis son entrée au parlement il y a dix ans : le «slut shaming» («humilier une prostituée», en français). Dans une tribune au journal britannique The Guardian, elle affirme : «Faire des insinuations sur le corps d'une femme ou sa sexualité pour l'intimider et nous rabaisser n'est pas nouveau mais ça marche». N'hésitant pas à faire référence au mouvement #metoo, elle déplore l'abaissement du niveau du débat parlementaire.
Elle annonce avoir inscrit cet incident à l’ordre du jour et explique : «J'en ai assez de faire comme si je n'entendais pas les insultes et les moqueries, qu'elles ne me perturbent pas quand je parle.» Selon elle, le sexisme prospère en toute impunité dans la politique australienne et «les hommes qui se comportent mal et le Parlement doivent tous deux en être tenus responsables».