Alors que l'Italie vient d'interdire à deux navires transportant des migrants d’accoster en Italie, le rôle des ONG qui secourent les clandestins en mer et leurs liens avec les passeurs est une fois de plus pointé du doigt en Italie. Le procureur de la ville de Catane, en Sicile, Carmelo Zuccao, a déclaré le 16 juin que ces associations faisaient selon lui «partie d'un système profondément erroné qui confie les portes d'accès à l'Europe à des trafiquants et à des criminels sans scrupules».
Selon le magistrat spécialisé dans les questions liées à l'immigration clandestine qui s'exprimait lors d'un congrès se tenant dans sa ville, la démarche des ONG «ne correspond ni au sens d'humanité, ni de solidarité» dont elles se prévalent.
Carmelo Zuccaro a multiplié les déclarations fracassantes contre les ONG de secours en mer, assurant avoir «des preuves» de contacts entre celles-ci et des passeurs. Les associations en question avaient vivement démenti, s'insurgeant contre ces accusations. Elles avaient assuré se limiter à un rôle purement humanitaire, dans l'unique but de sauver des vies humaines.
Mais plusieurs épisodes sont venus confirmer que la limite entre opération de sauvetage et transport organisé est parfois ténue. En mars dernier, la justice italienne a par exemple placé sous séquestre l'Open Arms, le navire de l'ONG espagnole Proactiva Open Arms, qui avait secouru plus de 5 000 migrants depuis l'année 2017. L'ONG et trois de ses responsables ont fait l'objet d'une enquête pour association de malfaiteurs en vue de favoriser l'immigration clandestine.
Carmelo Zuccaro dit considérer le problème migratoire avec sérieux et propose ainsi une solution : la création de centres d'accueil gérés sur le plan international. Celle-ci permettrait, selon lui, «d'obtenir de bien meilleurs résultats en termes de vies humaines sauvées et d'histoires de violences et d'abus évités». «C'est l'unique moyen, à mon avis, de mettre vraiment fin au trafic honteux d'êtres humains de la part d'organisations criminelles», ajoute-t-il.
La mise en place de ces «hotspots», sorte de centres dans lesquels les migrants seraient recensés directement dans leur pays de départ ou de transit, avait déjà été proposée par Emmanuel Macron et Giuseppe Conte lors de leur rencontre à Paris le 15 juin dernier. C'est également le projet qu'Emmanuel Macron a formulé dès l'été 2017 lors d'un discours à Orléans en juillet dernier. Il avait alors annoncé la création de centres d'examen pour migrants en Libye, un projet aussitôt abandonné.