Le nouveau président du Conseil italien Giuseppe Conte a répondu le 12 juin aux propos du chef de l'Etat français concernant sa décision de ne pas accueillir les 629 migrants secourus au large de la Libye par des ONG sur l'Aquarius. «Les déclarations concernant l’affaire de l’Aquarius venant de la France sont surprenantes et démontrent un sérieux manque d’informations sur le contexte réel. L’Italie ne peut accepter de leçons hypocrites de pays qui ont toujours préféré détourner la tête lorsqu'il s’agit d’immigration», lance Giuseppe Conte à l'égard de Paris.
Le chef du gouvernement italien fraîchement nommé répondait ainsi aux vivres critiques de la France concernant son refus d’avoir accueilli le navire. Emmanuel Macron avait dénoncé ce 12 juin, en Conseil des ministres, «la part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien».
«[Le président français] a tenu à rappeler le droit maritime», a rapporté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux aux journalistes. «En cas de détresse c'[est] la côte la plus proche qui assume la responsabilité de l'accueil», a-t-il détaillé. «Si un bateau avait la France pour rive la plus proche, il pourrait [y] accoster», a ajouté le président, félicitant l'Espagne qui a décidé d'accueillir le bateau, d'après le porte-parole. La France avait aussi demandé à l’Italie de reconsidérer sa décision.
L’Italie ne peut accepter de leçons hypocrites de pays qui ont toujours préféré détourner la tête lorsqu’il s’agit d’immigration
Cette passe d’armes intervient alors que le président Emmanuel Macron s’apprête à recevoir Giuseppe Conte le 15 juin afin de préparer le Conseil européen des 28 et 29 juin, en partie consacré à la question des migrants, selon des informations de l'Elysée. Souhaitant peut-être désamorcer les tensions, le ministère français de l'Intérieur a fait savoir le 12 juin que Gérard Collomb invitait ses homologues italien et espagnol à Paris «dans les prochains jours» pour «approfondir le dialogue» sur les questions migratoires.
Italie et France : les chiffres de la crise migratoire
Au plus fort de la crise migratoire, l’Italie a dû faire face à un afflux massif de réfugiés, leur nombre ayant atteint 181 400 en 2016 selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), puis 119 000 en 2017 – une baisse due à un accord signé entre les autorités libyennes et italiennes. C'est dans ce contexte qu'une alliance entre les antisystèmes du M5S et les anti-immigration de la Ligue ont été chargés de former un gouvernement, propulsant Giuseppe Conte, juriste peu connu du grand public, président du Conseil italien. Vice-président du Conseil et ministre de l'Intérieur issu de la Ligue, Matteo Salvini n'a pas fait un secret de son programme anti-migrants.
En France, ce sont 78 000 réfugiés et demandeurs d’asile à être entrés sur le territoire en 2017, selon le HCR. Cette même année, 32 000 demandes d'asile, sur 100 412 au total, ont été acceptées par les autorités, selon l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).