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«La réalité réfutera le storytelling» occidental : l'interview de Bachar el-Assad sur RT

Lors d'un entretien accordé à RT, le président syrien s'est attaché à déconstruire le storytelling occidental, et s'est employé à donner sa vision du conflit : celle d'une Syrie terrain de jeu des grandes puissances, mais en quête de souveraineté.

Au cours d'une interview accordée à RT, le président syrien Bachar el-Assad a eu l'occasion de développer plus en détail son argumentaire à charge contre l'action des Occidentaux en Syrie depuis 2011.

Dès le début du conflit, en 2011, les puissances occidentales avaient, selon lui, pour objectif de créer des lignes de fractures, dans une société jusque-là non seulement laïque mais aussi multiconfessionnelle. «Ça leur facilitait la tâche : "Quand vous avez une sorte de guerre civile entre factions ou entre ethnies"... mais cela a échoué», a noté le président syrien. «Aujourd'hui [les Occidentaux] s'en tiennent encore à cette histoire, ne serait-ce que pour encourager des fanatiques, un peu partout dans le monde, de venir pour défendre leurs "frères"», a-t-il ajouté, faisant référence aux départs de ressortissants, notamment des Européens et des Français, vers la Syrie pour rejoindre les rangs de l'organisation terroriste Daesh.

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«Sans interférence étrangère, il ne faudrait pas plus d'un an pour normaliser la situation en Syrie»

Sur le thème de  l'ingérence des puissances occidentales dans les affaires intérieures de la Syrie, avec pour objectif affiché, un changement de régime conformes à leurs intérêts géopolitiques, Bachar el-Assad se montre d'une précision redoutable. «J'ai toujours dit que sans interférence étrangère, il ne faudrait pas plus d'un an pour normaliser la situation en Syrie [...] Mais nos ennemis et opposants, principalement l'Occident emmené par les Etats-Unis et leurs marionnettes, en Europe et dans notre région, avec leurs mercenaires en Syrie, ont œuvré à éloigner [cette perspective], soit en soutenant le terrorisme [...] soit en compromettant le processus politique», a martelé le dirigeant syrien.

Ce que nous avons depuis le tout début, ce sont des mercenaires – syriens et étrangers - payés par l'Occident

Revenant aux premiers temps du conflit, en 2011, Bachar el-Assad a détaillé la stratégie, révélatrice selon lui, de la rébellion antigouvernementale. «En réalité, la cible prioritaire des mercenaires en Syrie étaient les défenses antiaériennes [syriennes], et cela avait, à l'époque, quelque chose d'étonnant : pourquoi s'attaquaient-ils à la défense antiaérienne ?», a-t-il questionné, soulignant le fait que ces systèmes visant à garantir la maîtrise souveraine du ciel syrien ne menaçaient en rien, d'après lui, des «manifestants pacifiques». Selon Bachar el-Assad, l'explication est tout autre. «[Ces systèmes] sont conçus pour défendre le pays», a-t-il affirmé, dressant un parallèle avec les frappes israéliennes de début mai 2018. «Ce que nous avons depuis le tout début, ce sont des mercenaires – syriens et étrangers – payés par l'Occident, qui ont pour mission de renverser le gouvernement. C'est ça, la réalité, la simple réalité», a-t-il martelé ajoutant : «Tout le reste est là pour masquer ces intentions véritables.»

Réfutant le terme de guerre civile, en raison de la présence de forces armées étrangères en Syrie, Bachar el-Assad invite ses détracteurs à regarder la situation sur le terrain. «Maintenant, à Damas, à Alep, à Homs, dans toutes les régions sous le contrôle [restauré] du gouvernement, vous verrez tout le spectre de la société syrienne, sans exceptions», a-t-il déclaré. Et d'ajouter : «Cette réalité réfutera le storytelling [occidental].»

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«Israël est en train de perdre ses chers amis, le Front al-Nosra et Daesh»

De fait, après l'élimination presque complète de Daesh de la «Syrie utile» fin 2017, la situation s'est de nouveau dégradée au début de l'année suivante. Les Etats-Unis ont déclaré qu'il maintiendraient leur présence militaire, changeant au passage leur doctrine et leurs buts de guerre en Syrie, qui consistaient jusque-là, selon les déclarations de Washington, non seulement à soutenir la rébellion mais aussi à combattre les groupes terroristes.

Mais d'autres puissances ont décidé de s'impliquer plus directement dans les opérations de guerre, comme la Turquie et Israël. «C'est la panique, l'hystérie, parce qu'[Israël] est en train de perdre ses chers amis, le Front al-Nosra et Daesh», analyse-t-il, évoquant l'inquiétude de l'Etat hébreu de voir l'Iran faire de la Syrie un poste avancé et réfutant l'affirmation selon laquelle des troupes régulières iraniennes opéreraient sur le territoire syrien. «Nous n'en avons jamais eues [...] Nous ne serions pas embarrassé de le dire : de la même manière que nous en avons fait appel aux Russes, nous aurions pu demander aux Iraniens [de l'aide]», a-t-il affirmé. Et d'ajouter, plus précisément, faisant la différence avec les combattants du Hezbollah : «Il ya a des officiers iraniens qui travaillent avec l'armée syrienne, mais il n'y a pas de troupes [régulières].»

Nous sommes passés très près d'un conflit direct entre la Russie et les forces américaines

Quant aux perspectives d'avenir et de fin du conflit, Bachar al-Assad a souligné le rôle, déterminant, selon lui, de la Russie, intervenue militairement à la demande de Damas fin 2015. «En réalité, nous sommes passés très près d'un conflit direct entre la Russie et les forces américaines. Mais, heureusement, cela a été évité non pas grâce à la sagesse du leadership américain, mais plutôt grâce à la sagesse du leadership russe», s'est-il félicité, faisant référence aux frappes occidentales du 14 avril dernier. Et de conclure : «Nous avons besoin du soutien russe, mais nous devons dans le même temps nous prémunir contre la folie américaine, de façon à restaurer la stabilité de notre pays».

L'interview complète (en anglais) :

Alexandre Keller

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