Trump lance une offensive contre le financement public de l'avortement
En contraignant les établissements de santé à séparer leurs activités de planning familial et d'avortement, l'administration américaine entend s'assurer que les fonds publics ne financent pas l'interruption volontaire de grossesse.
Le département de la Santé américain vient de lancer un processus réglementaire afin de ne plus accorder de subventions aux centres de santé qui ne sépareraient pas physiquement leurs activités de planning familial et d'avortement, l'administration considérant que l'interruption volontaire de grossesse ne fait pas partie du planning familial.
Le 18 mai au soir, la Maison Blanche s'est félicitée, dans un communiqué, que l'initiative du ministère, «réalise la promesse du président Donald Trump de continuer à améliorer la santé des femmes et de s'assurer que les fonds fédéraux ne sont pas utilisés pour financer l'industrie de l'avortement en violation de la loi».
Le changement n'est pas immédiat et doit encore franchir plusieurs étapes réglementaires, dans les prochains mois, avant d'entrer en vigueur. Mais, d'ores et déjà, les militants anti-avortement ont crié victoire. La décision a néanmoins été dénoncée vivement par les démocrates et le principal réseau de planning familial, Planned Parenthood, qui y voient la dernière attaque des républicains au pouvoir contre le droit à l'avortement, en repli depuis plusieurs années dans le pays.
La nouvelle règle obligerait les cliniques recevant des fonds fédéraux à séparer dans un lieu physique différent toute pratique d'avortement. Financièrement, les fonds fédéraux ne peuvent déjà pas servir à financer des avortements, mais les cliniques peuvent aujourd'hui obtenir des crédits publics pour leurs autres activités, comme les consultations, la contraception ou des dépistages de maladies sexuellement transmissibles. Requérir une séparation physique, et non plus seulement financière, créerait un nouvel obstacle à l'obtention de fonds publics.
«L'administration Trump recommence à vouloir retirer aux femmes des droits de santé fondamentaux», a dénoncé la démocrate Nancy Pelosi, à la Chambre des représentants. «Il s'agit d'une tentative non voilée de fermeture de Planned Parenthood, c'est honteux», a fait savoir la sénatrice de Californie Dianne Feinstein.
La somme en jeu est de 260 millions de dollars par an, selon le Washington Post, dont 50 à 60 millions vont à Planned Parenthood, qui possède environ 600 centres de santé dans tout le pays, principalement au service des femmes aux revenus les plus modestes.