Proche-Orient, MeToo : Netta, la gagnante israélienne de l’Eurovision rattrapée par l’actualité
Avec une chanson dans la mouvance #MeToo, la chanteuse Netta Barzilai qui a remporté l’Eurovision de la chanson 2018. Au vu des tensions qui parcourent la région, des appels au boycott de la prochaine édition qui aura lieu en Israël ont été lancés.
Lors du concours Eurovision de la chanson 2018, le 12 mai à Lisbonne, le duo français Madame Monsieur (13e) n’a pas convaincu le jury avec sa chanson inspirée du sort d’un bébé nigérian, né sur le bateau humanitaire de l'ONG SOS Méditerranée. C’est en effet la chanteuse israélienne Netta Barzilai et son titre Toy, qui dénonce les violences sexuelles contre les femmes, qui a remporté cette compétition musicale organisée par l'Union européenne de radio-télévision.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs traits caractéristiques de la gagnante ont ravivé des prises de positions liées à l'actualité politique.
En premier lieu, la nationalité de Netta Barzilai a fait ressurgir des tensions déjà fortes au vu du contexte géopolitique tendu au Proche-Orient.
Des internautes n'ont pas hésité à exprimer leur désaveu de la victoire d'une candidate israélienne, appelant ouvertement au boycott de la compétition, dont la prochaine édition devrait se tenir en Israël.
Venez on demande le boycott par la France de l'Eurovision 2019 qui se passera en Israël.
— Thérapute (@threon_tgptn) 13 mai 2018
l'Eurovision c'est une vitrine pour le pays qui accueille, donc autant que ce soir aussi la vitrine des horreurs composent par le gouvernement Israélien sur le peuple de Palestine à qui ils
Donc Israel a gagné, je boycott l'eurovision l'an prochain adieu.
— Black Identity Bootleg (@CliaGangster) 12 mai 2018
L'eurovision et les whities qui ont une revendications en carton par an
Allez bye
Bon bah boycott de l'#Eurovision l'année prochaine
— Mustafa Duman (@MustafaDuman_) 12 mai 2018
En dépit de ces appels au boycott, un autre s'est justement félicité de la victoire de Netta Barzilai.
@contactujfp Israël gagne l'Eurovision malgré les appels au boycott de BDS.
— serge burday (@SBurday) 12 mai 2018
Oser comparer Gaza à un camp de concentration est une insulte pour ceux comme mes grands-parents qui ont été déportés et gazés.
Vous êtes vraiment #Pathetique
Quatre jours avant l'évènement musical, l'un des fondateurs du site pro-palestinen The Electronic Intifada avait posté sur son compte Twitter une photo de la candidate Netta Barzilai, affirmant que cette dernière faisait partie de la marine israélienne en 2014.
Israel's #Eurovision singer @NettaBarzilai was in the Israeli navy in 2014, the year it massacred children in Gaza https://t.co/35LRbj3ABppic.twitter.com/ghSKDVNEVB
— Ali Abunimah (@AliAbunimah) 8 mai 2018
«#MeToo» : émancipation, politisation, bien-pensance ?
Nombreux sont par ailleurs ceux qui ont commenté le thème du harcèlement sexuel abordé par la gagnante dans sa chanson, un phénomène notamment mis sur le devant de la scène depuis le lancement du mouvement #MeToo, sur les réseaux sociaux.
Un internaute a par exemple salué l'originalité et la créativité de la chanteuse, selon lui potentiellement bénéfiques pour le mouvement #MeToo.
#eurovision L'originalité et la créativité ont récompensé #Israël , le style incomparable de #Netta , les gens ont aimé l'humour des caquettements et des sons #metoohttps://t.co/MIeez2ZH6F
— François GAULAIS (@gaulais) May 13, 2018
Un autre internaute considère à l'inverse qu'à l'instar du sujet de l'immigration abordé par le duo français dans sa chanson Mercy, la chanson de l'artiste israélienne relève de la «bien-pensance».
On se gausse de l'#Eurovision mais imagine-t-on une seule seconde les affres des tenants de la bien-pensance devant le choix cornélien qu'ils durent faire entre #MeToo et les #refugees ?#NonMercypic.twitter.com/VGZb2sVfrz
— ن RodionRomanovitch (@RRomanovitch) 13 mai 2018
Une autre ironise et tente un rapprochement entre l'imitation de bruits de poule de Netta Barzilai et les revendications portées par le mouvement #MeToo, qui irait «définitivement beaucoup trop loin».
Israël et la chanson des poules? Sérieusement? MDR. Le mouvement #MeToo va définitivement beaucoup trop loin. Quelle grosse blague. #Eurovision
— Axelle (@AxelleHaz) 12 mai 2018
Enfin, certains internautes ont souhaité dénoncer la politisation de l'événement, dont ils ont estimé le résultat «très téléphoné».
Comme c’est hyper politisé #Eurovisionf2#eurovision2018#eurovision après le scandale de Harvey Weinstein #metoo c’est très téléphoné ce résultat
— Yoan ( LEE CLAY ) (@leeclaynews) 12 mai 2018
Malgré ces critiques diverses, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a pour sa part visiblement apprécié la prestation de sa compatriote. Devant les caméras, il s'est appliqué à imiter la gestuelle d'une poule, reprenant la chorégraphie de Netta Barzilai.
ראש הממשלה @netanyahu במחווה מיוחדת ל@NettaBarzilaipic.twitter.com/0TJFxPcK16
— כאן חדשות (@kann_news) 13 mai 2018
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