Scandale de l'actrice pornographique : Trump admet avoir acheté son silence
- Avec AFP
Vents contraires sur la Maison Blanche : alors qu'il niait avoir payé l'actrice Stormy Daniels pour qu'elle taise leur relation passée, le président américain a finalement admis lui avoir versé 130 000 dollars. Un revirement de stratégie soudain.
Mis en difficulté par l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels, qui affirme avoir eu une liaison avec lui, le président américain Donald Trump a radicalement changé de stratégie le 3 mai, en admettant avoir déboursé 130 000 dollars pour qu'elle se taise.
Jusque-là Donald Trump assurait ne rien savoir de ces 130 000 dollars, versés par son avocat personnel à la femme blonde et plantureuse de 39 ans, qui a saisi la justice pour invalider cet accord de confidentialité. La transaction entre l'avocat Michael Cohen et Stormy Daniels avait été négociée un mois avant l'élection présidentielle remportée par Donald Trump. La relation sexuelle présumée remontait elle à dix ans. Donald Trump était déjà marié à son épouse actuelle, Melania.
Dans une justification déroulée sous forme de tweets, Donald Trump a expliqué le 3 mai qu'un tel paiement était chose courante dans l'univers des personnalités publiques. Et que cela n'avait pas été prélevé sur le financement de sa campagne électorale, ce qui aurait été illégal.
Mr. Cohen, an attorney, received a monthly retainer, not from the campaign and having nothing to do with the campaign, from which he entered into, through reimbursement, a private contract between two parties, known as a non-disclosure agreement, or NDA. These agreements are.....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 3 mai 2018
...very common among celebrities and people of wealth. In this case it is in full force and effect and will be used in Arbitration for damages against Ms. Clifford (Daniels). The agreement was used to stop the false and extortionist accusations made by her about an affair,......
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 3 mai 2018
...despite already having signed a detailed letter admitting that there was no affair. Prior to its violation by Ms. Clifford and her attorney, this was a private agreement. Money from the campaign, or campaign contributions, played no roll in this transaction.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 3 mai 2018
«M. Cohen, un avocat, recevait une avance sur honoraires mensuelle, [...] qui n'avait rien à voir avec l'équipe de campagne, en vertu de laquelle il a conclu, avec remboursement, un contrat privé entre deux parties», a-t-il écrit. «Ces accords [de confidentialité] sont très fréquents parmi les célébrités et les personnes fortunées. En l'espèce, il est pleinement en vigueur», a-t-il poursuivi.
Selon le président, cette transaction avait pour but de «mettre fin aux accusations fausses» de Stormy Daniels, qu'il accuse de chercher à lui «extorquer» de l'argent.
Savez-vous où il a trouvé l'argent pour effectuer ce paiement ? Non, je ne sais pas.
Donald Trump s'était exprimé directement sur ce dossier pour la première fois le 5 avril à bord de l'avion présidentiel Air Force One. Interrogé pour savoir s'il était au courant du versement de Michael Cohen à Stormy Daniels, il avait répondu: «Non.» A la question de savoir pourquoi l'avocat avait effectué ce paiement, Donald Trump avait répondu : «Il faut demander à Michael Cohen. Michael est mon avocat.» «Savez-vous où il a trouvé l'argent pour effectuer ce paiement ?» lui avait encore demandé un journaliste. «Non, je ne sais pas», avait-il lâché.
Le virage serré pris par la Maison Blanche dans ce dossier embarrassant a été amorcé le 2 mai par Rudolph Giuliani, l'ancien maire de New York que Donald Trump vient de recruter pour dynamiser son équipe d'avocats.
A la surprise générale, Rudolph Giuliani a affirmé sur Fox News le 2 mai que Donald Trump avait remboursé à Michael Cohen les 130 000 dollars, semblant contredire les précédentes déclarations du président.
«Cet argent versé par son avocat [...] le président l'a remboursé sur une période de plusieurs mois», a affirmé Rudolph Giuliani, en évoquant un paiement «parfaitement légal». Selon Rudy Giuliani, Donald Trump a ainsi versé à Michael Cohen entre 460 000 et 470 000 dollars afin de rembourser la somme versée à l'actrice ainsi que «des dépenses secondaires».
Trump accusé d'avoir menti
Le flamboyant avocat de Stormy Daniels, Michael Avenatti, a réagi dès le 3 mai, accusant Donald Trump d'avoir «ouvertement menti».
«Nous avions prédit il y a des mois qu'il serait prouvé que le peuple américain a été trompé concernant le paiement des 130 000 dollars et sur ce que savait M. Trump, quand il le savait», a-t-il tweeté.
1/2. We predicted months ago that it would be proven that the American people had been lied to as to the $130k payment and what Mr. Trump knew, when he knew it and what he did in connection with it. Every American, regardless of their politics, should be outraged...
— Michael Avenatti (@MichaelAvenatti) 3 mai 2018
2/2. ...by what we have now learned. Mr. Trump stood on AF1 and blatantly lied. This followed the lies told by others close to him, including Mr. Cohen. This should never be acceptable in our America. We will not rest until justice is served. #basta
— Michael Avenatti (@MichaelAvenatti) 3 mai 2018
La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a elle démenti tout mensonge présidentiel, affirmant que Donald Trump n'avait appris qu'il avait remboursé l'avocat des 130 000 dollars qu'après ses dénégations dans Air Force One. Le 3 mai, Rudolph Giuliani a concédé que ses révélations fracassantes avaient pris de court les conseillers de la Maison Blanche : «C'était couru qu'ils le soient», a-t-il dit à CNN, ajoutant : «Le président est mon client, je ne leur parle pas.»
Le bureau de l'avocat Michael Cohen perquisitionné par le FBI
L'affaire Stormy Daniels s'est transformée en saga judiciaire, avec deux actions en justice lancées par l'actrice tandis que Michael Cohen a vu son bureau perquisitionné par les enquêteurs du FBI. Le 3 mai, NBC a par ailleurs rapporté que le FBI disposait de la liste détaillée des appels téléphoniques de l'avocat, sans que celui-ci ait toutefois été placé sur écoute. En plus du recours contre l'accord de confidentialité qu'elle a signé, Stormy Daniels a assigné en diffamation Donald Trump le 30 avril à New York.