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Washington veut calquer la dénucléarisation de la Corée du Nord sur celle de la Libye

Un haut responsable américain a estimé que le «modèle libyen» de Kadhafi devait servir d'exemple à la dénucléarisation promise par Kim Jong-un. Un parallèle qui n'est pas pour rassurer ce dernier, à quelques semaines d'un sommet avec Donald Trump.

Le conseiller à la Sécurité nationale des Etats-Unis, le très néo-conservateur John Bolton, a son idée sur la façon de parvenir à la dénucléarisation de la Corée du Nord. D'après lui, Washington doit s'appuyer sur le programme qui a mené à l'abandon par la Libye de ses ambitions nucléaires, sous Mouammar Kadhafi. «Nous pensons au modèle libyen de 2003, 2004», a ainsi concédé John Bolton le 29 avril sur la chaîne Fox lorsqu'il était interrogé sur les négociations à venir entre Washington et Pyongyang, dont la dénucléarisation sera l'un des principaux enjeux.

Dans l'optique d'améliorer ses relations avec les puissances occidentales, le colonel Mouammar Kadhafi avait en effet accepté fin 2003, après neuf mois de négociations secrètes avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, d'abandonner son programme de développement d'armes chimiques, biologiques ou nucléaires.

«Dans le cas de la Libye par exemple [...] c'est une situation différente à certains égards [car] ces négociations ont été menées en privé. Elles n'étaient pas connues publiquement. Mais ce qu'a fait la Libye, qui nous a mené à passer outre notre scepticisme, c'est d'autoriser des observateurs américains et britanniques [à pénétrer] dans tous leurs sites nucléaires», a expliqué John Bolton, invitant la Corée du Nord à faire de même afin d'obtenir d'éventuelles concessions de la part de Washington.

Un parallèle inquiétant pour Pyongyang ?

Pourtant, si la décision de Tripoli s'était soldée en 2006 par le rétablissement de relations diplomatiques avec Washington et le retrait de la Libye de la liste américaine des pays soutenant le terrorisme, elle n'avait pas empêché les Etats-Unis, puissance nucléaire, de mener une intervention militaire dans le pays quelques années plus tard, en 2011.

Avec la participation notamment de la France de Nicolas Sarkozy, cette opération de l'OTAN s'était soldée par la chute du colonel Kadhafi qui trouvera la mort dans des circonstances encore troubles. Sans gouvernement stable, le pays a ensuite sombré dans le chaos.

Tandis que Pyongyang prône la dissuasion nucléaire, affirmant qu'elle constitue une garantie contre une «invasion américaine», le choix de l'exemple de John Bolton est-il à même de convaincre la partie nord-coréenne d'abandonner, elle aussi, son programme nucléaire ?

Sur Twitter, certains utilisateurs ont en tout cas fait part de leurs doutes, à quelques semaines d'une rencontre historique entre Donald Trump et Kim Jong-un.

L'experte du Moyen-Orient Sharmine Narwani a commenté : «C'est ce qu'a dit Bolton ? La Corée du Nord doit être morte de rire. Regardez la Libye après la dénucléarisation.»

«Je ne suis pas sûr que "Abandonne ton programme nucléaire et nous te renverserons et te tuerons quand nous le voudrons" soit à même d'intéresser Kim Jong-un», a remarqué un internaute.

«Kim [Jong-un] sait comment cela s'est terminé», a enfin fait valoir un autre.

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