Comment le monde réagit-il aux frappes occidentales sur la Syrie ?

- Avec AFP

Comment le monde réagit-il aux frappes occidentales sur la Syrie ?© HANDOUT / STR / SYRIAN GOVERNMENT'S CENTRAL MILITARY MEDIA / AFP
Explosion aux abords de Damas après les frappes occidentales
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Trois nations occidentales, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont frappé la Syrie ce 14 avril, afin de punir une supposée attaque chimique. Si Israël et Turquie ont salué cette opération, Russie, Iran et Bolivie l'ont vivement condamnée.

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  • Après les frappes occidentales qui ont eu lieu en Syrie dans la nuit du 13 au 14 avril et que Moscou a dénoncées, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a appelé la Russie à «faire preuve de responsabilité».

    Il a tenu ces propos lors d'une conférence de presse qui a suivi une réunion à Bruxelles des ambassadeurs des 29 membres de l'Organisation : «Les Alliés appellent tous ceux qui soutiennent le régime syrien, en particulier la Russie, à faire preuve de responsabilité et à faire ainsi en sorte que le régime syrien participe de manière constructive au processus de Genève sous la conduite de l'ONU.»

  • Semblant mettre de côté ses différends avec les Occidentaux, le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué les frappes en Syrie.

    «Avec l'opération conjointe des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France samedi [le 14 avril], le régime syrien a reçu le message : ses massacres ne resteront pas sans réponse», a déclaré le chef de l'Etat turc, cité par Reuters. Le peuple innocent de Syrie aurait dû être défendu depuis longtemps», a-t-il ajouté.

  • Dans une interview accordée au journal Kommersant et citée par l'agence de presse RIA, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabov, a fait savoir que Moscou maintenait le contact avec les Etats-Unis et les autres pays qui avaient mené une attaque aérienne contre le gouvernement syrien dans la nuit du 13 au 14 avril.

    Le ministre a ajouté que Moscou souhaitait une  coopération avec Washington sur le dossier syrien.

  • Dans un communiqué, l'Union européenne (UE) appelle la Russie et l'Iran à tout mettre en oeuvre pour empêcher le gouvernement syrien d'utiliser des armes chimiques.

    L'UE rappelle également dans son communiqué qu'elle a imposé des sanctions économiques à la Syrie en juillet 2017 et qu'elle était «toujours prête à considérer que de nouvelles sanctions pourraient s'avérer appropriées.»

  • Le chef de file du Parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, appelle le Premier ministre Theresa May à rendre publics les documents établissant les bases légales de l'attaque aérienne menée en Syrie.

    Le patron du Labour ajoute que mener de telles actions sans fondement légal encourage les autres pays à en faire de même.

  • Le groupe rebelle Jaïch al-Islam a estimé samedi que les raids occidentaux contre les positions militaires du régime représenteraient «une farce» tant que le président Bachar al-Assad resterait au pouvoir.

    «Punir l'instrument du crime alors que le criminel est maintenu. Une farce», a estimé sur son compte Twitter Mohammed Allouche, un haut responsable Jaïch al-Islam, groupe armé salafiste qui contrôlait Douma, la ville où s'est déroulée l'attaque chimique présumée ayant entraîné les frappes de représailles occidentales.

  • Selon la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hua Chunying, le dialogue politique est la seule résolution réaliste du conflit syrien.

    Il ajoute qu'une enquête équitable devrait être menée en Syrie à propos des attaques présumées à l'arme chimique.

    Le ministre a également rappelé que toute action militaire outrepassant le contrôle du conseil de sécurité de l'ONU se faisait en violation du droit international.

  • Selon l'agence Tasnim, le président iranien Hassan Rohani a déclaré que la frappe militaire menée par les Etats-Unis en Syrie amènerait la destruction au Moyen-Orient.

  • Le ministre irakien des Affaires étrangères appelle la ligue des Etats arabes à «prendre une position claire» sur la crise syrienne.

    La ligue des Etats arabes, dont le siège se trouve au Caire, comprend notamment l'Egypte, l'Arabie saoudite, l'Irak, la Jordanie, le Liban et la Syrie. Cette organisation vise à affirmer l'unité du monde arabe tout en assurant l'indépendance de chacun de ses membres.

  • Dans un communiqué, la France a annoncé son souhait de «travailler sérieusement» avec la Russie pour parvenir à «une solution politique» en Syrie.

    Le président Emmanuel Macron «souhaite maintenir le dialogue sur la Syrie avec le président Poutine», la Russie étant «un acteur majeur pour une solution politique» dans ce pays, selon la présidence française.

    Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se sont entretenus au matin du 13 avril sur le dossier syrien, selon les informations de l'AFP, qui ajoute que la tonalité de leurs échanges a été «très directe et presque constructive», citant une source élyséenne.

    L'opération menée dans la nuit par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France «ne visait pas la Russie», alliée de poids de Damas, a insisté l'Elysée.

    Moscou a été prévenu du lancement de l'opération via «le canal de déconfliction», mécanisme mis en place entre les commandements des armées intervenant en Syrie pour éviter tout incident au sol et dans le ciel. Il se fonde sur un certain nombre de procédures de communication à respecter.

    «La déconfliction se fait pendant l'action, pas avant», a-t-on précisé de même source, laissant entendre que la Russie n'avait pas été avertie à l'avance. 

    Paris souhaite notamment que Moscou accepte de recréer un mécanisme d'enquête conjoint sur les armes chimiques entre l'ONU et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui a disparu fin 2017. 

    Emmanuel Macron doit effectuer sa première visite en Russie à la fin du mois de mai, un mois après s'être rendu aux Etats-Unis, où il est attendu la semaine prochaine pour une visite d'Etat. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a fait savoir que la visite du président français en Russie n'était «pas remise en cause» par les frappes en Syrie.

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Les frappes menées par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ce 14 avril en Syrie, en réaction à une attaque chimique supposée attribuée par ces pays au président Bachar el-Assad, et ce sans attendre qu'une enquête internationale soit menée à ce sujet, a fait réagir nombre de capitales.

Damas, en premier lieu, a dénoncé une «agression barbare et brutale», visant à «entraver» une mission de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui devait entamer ce 14 avril son enquête à Douma, dans la Ghouta orientale, où serait survenue l'attaque chimique. «L'agression [...] a pour principal objectif d'entraver le travail de l'équipe, devancer ses conclusions, et faire pression sur la mission dans une tentative visant à dissimuler les mensonges et les fabrications» des Occidentaux, selon l'agence officielle syrienne Sana.

Moscou et Téhéran dénoncent les frappes occidentales

La Russie, alliée de Damas, a déploré que la Syrie soit frappée alors qu'elle avait «une chance d'avoir un avenir pacifique». «Un coup a été porté contre la capitale d'un Etat souverain qui a tenté pendant de nombreuses années de survivre au milieu d'une agression terroriste», a écrit sur Facebook la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. De plus, pour l'ambassadeur de Russie à Washington, Anatoli Antonov, ces frappes reviennent à «insulter le président russe» Vladimir Poutine. «Nous avions averti que de telles actions appelleraient des conséquences», a-t-il ajouté.

L'Iran a aussi condamné «fermement» les frappes occidentales. «Les Etats-Unis et leurs alliés, sans aucune preuve et avant même une prise de position de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont mené cette action militaire [...] contre la Syrie et sont responsables des conséquences régionales de cette action aventuriste», a affirmé le ministère iranien des Affaires étrangères, selon le site Telegram de son porte-parole Bahram Ghassemi.

Le mouvement chiite libanais Hezbollah, allié de l'armée syrienne, a estimé que la «guerre» des Etats-Unis contre la Syrie «n'atteindra[it]pas ses objectifs».

Par ailleurs, le président bolivien Evo Morales a déclaré sur Twitter : «Avec la force de la dignité, la défense de la paix, des peuples du monde, nous condamnons énergiquement l'attaque démente de [Donald] Trump contre le peuple frère de Syrie.»

Israël et la Turquie applaudissent l'opération occidentale

L'OTAN, alliance militaire à laquelle appartiennent les trois Etats occidentaux ayant procédé aux frappes, a défendu celles-ci. «Je soutiens les actions prises par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France contre les installations et capacités d'armes chimiques du régime syrien», a ainsi déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg.

Israël a aussi justifié les frappes américaines, françaises et britanniques, affirmant que Damas poursuivait ses «actions meurtrières». «L'an dernier, le président américain Donald Trump a fait savoir que l'utilisation d'armes chimiques reviendrait à violer une ligne rouge. Cette nuit sous la direction américaine, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont agi en conséquence», a déclaré à l'AFP un responsable israélien, qui a requis l'anonymat.

La Turquie a également jugé «appropriées» les frappes contre la Syrie.

Enfin, il est à noter que l'ONU, par la voix de son secrétaire général Antonio Guterres, a appelé les Etats engagés dans l'opération contre Damas «à faire preuve de retenue dans ces dangereuses circonstances et à éviter toute action qui pourrait conduire à une escalade et à aggraver la souffrance du peuple syrien».

Lire aussi : Jean-Yves Le Drian : une opération en Syrie «légitime», qui ne vise pas les alliés de Damas

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