«Plusieurs missiles ont frappé l'aéroport de Tayfur», a rapporté l'agence officielle syrienne SANA tôt ce 9 avril, affirmant qu'«une attaque américaine [était] soupçonnée» avant de retirer toute référence aux Etats-Unis. Selon Sana qui cite une source militaire, il y aurait des morts et des blessés.
Selon l'armée russe, le bombardement de la base a été mené par Israël
L'armée israélienne, qui a mené ces derniers mois plusieurs raids en Syrie contre les bases de l'armée et de ses alliés, a «décliné tout commentaire» après ces frappes sur la base militaire syrienne. Néanmoins, selon l'armée russe, le bombardement de la base («T-4») a été mené par Israël.
Le Pentagone, de son côté, a aussitôt réagi en assurant que ses forces armées ne menaient «pas de frappes aériennes en Syrie».
Ce matin du 9 avril, l'armée française a, de même, déclaré ne pas avoir bombardé la base militaire du gouvernement syrien.
La veille, les Etats-Unis et la France avaient menacé de prendre des mesures contre Damas, invoquant une attaque chimique présumée qui serait survenue le 7 avril à Douma, dans la Ghouta orientale. «De nombreux morts, y compris des femmes et des enfants, dans une attaque CHIMIQUE insensée en Syrie» avait ainsi déclaré le président américain Donald Trump ce 8 avril, avant de qualifier le président syrien Bachar el-Assad d'«animal» et de le prévenir : «Il faudra payer le prix fort.» De même, le 8 avril en fin d'après-midi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait fait savoir que Paris assumerait «toutes ses responsabilités au titre de la lutte contre la prolifération chimique».
Par la suite, la Maison Blanche avait fait savoir que le président américain Donald Trump et son homologue français Emmanuel Macron avaient «vivement condamné l'horrible attaque chimique» et convenu que le gouvernement syrien devait en être «tenu responsable». Ils s'étaient également prononcés pour une «réponse forte et commune».
Par ailleurs, Moscou a demandé une réunion du Conseil de sécurité – en plus de celle demandé la veille, notamment par la France, pour ce 9 avril, au sujet de l'attaque chimique présumée.
Une attaque chimique présumée contestée par Damas et Moscou
Washington et Paris s'appuient, pour accuser les autorités syriennes de cette supposée attaque chimique, sur l'organisation controversée des Casques blancs, qui avait dénoncé un recours au chlore, ce qui a été immédiatement démenti par les médias publics syriens. Le tout aussi controversé Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) avait pour sa part fait état de dizaines de cas de suffocation, dont certains mortels, sans toutefois se prononcer sur l'emploi ou non d'armes chimiques.
Le gouvernement syrien a nié toute responsabilité pour cette attaque chimique présumée à Douma, dernier bastion tenu par les rebelles islamistes dans la Ghouta orientale qui, selon les médias publics syriens, est en cours d'évacuation en application d'un accord obtenu par les autorités.
De même, la Russie avait affirmé que le gouvernement syrien n'avait pas employé d'armes chimiques dans le cadre de son opération militaire contre les rebelles islamistes à Douma. «Nous démentons fermement cette information», avait le 8 avril déclaré le général Iouri Evtouchenko, chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, selon des propos rapportés par les agences russes.
La diplomatie russe avait en outre prévenu, le 8 avril, qu'une «intervention militaire sous des prétextes fabriqués», en Syrie, «où des militaires russes sont déployés à la demande du gouvernement légitime», serait absolument «inacceptable» et pourrait avoir de graves conséquences.
Accusations occidentales récurrentes contre le gouvernement syrien
Depuis le début de l'année 2018, les Occidentaux accusent Damas d'avoir à plusieurs reprises bombardé avec des barils de chlore les populations d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, et de la région de la Ghouta, à l'est de Damas, notamment. Ces allégations, réfutées par Damas, reposent sur des informations fournies par les organismes à l'objectivité contestable que sont l'OSDH et les Casques blancs. La ministre française des Armées Florence Parly, avait d'ailleurs reconnu en février dernier qu'elle ne disposait pas de preuves formelles concernant l'utilisation de chlore par l'armée syrienne, mais seulement d'«indications possibles».
Il y a un an, le président américain avait fait bombarder en avril 2017 une base de l'armée syrienne en représailles à un incident chimique attribué par les Occidentaux à Damas, à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie.