Ankara et Bagdad envisagent de s'allier pour une offensive militaire contre les Kurdes irakiens
Le ministre des Affaires étrangères turc a annoncé le lancement d'une opération militaire commune avec Bagdad contre les combattants kurdes en Irak. Cette offensive prolongerait l'opération Rameau d'olivier, qui devrait selon lui s'achever en mai.
C'est un nouveau scénario sous forme d'hypothèse qui vient s'ajouter au dossier kurde, déjà complexe : Ankara et Bagdad pourraient bien lancer une offensive militaire conjointe contre les Kurdes irakiens après les élections parlementaires et régionales qui se tiendront en Irak le 15 mai prochain.
S'entretenant avec des journalistes de la chaîne CNN Türk dans un vol qui l'amenait d'Allemagne en Autriche le 8 mars, Mevlut Cavusoglu, le ministre des Affaires étrangères turc, a en effet évoqué la probabilité d'une alliance turco-irakienne contre les Kurdes d'Irak. Selon lui, les soldats turcs devraient avoir achevé l'opération Rameau d'olivier lancée sur l'enclave kurde Afrin, en Syrie, d'ici le mois de mai, et pourraient alors être déployés dans le nord de l'Irak.
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte contre Ankara depuis le début des années 1980 dans les régions du sud-est de la Turquie et considéré comme terroriste par le gouvernement turc ainsi que par Washington et Bruxelles, possède plusieurs camps dans les montagnes de Qandil, dans la partie septentrionale de l'Irak. D'après la Turquie, ceux-ci lui permettraient de lancer régulièrement des attaques sur le territoire turc – argument motivant très vraisemblablement l'implication d'Ankara dans une éventuelle opération militaire conjointe avec Bagdad.
Côté irakien, la région autoproclamée du Kurdistan reste un problème majeur pour le gouvernement de Bagdad. Réagissant à la déclaration d'indépendance des Kurdes irakiens fin septembre 2017, l'armée irakienne avait lancé une opération militaire en octobre pour reprendre le contrôle de la région pétrolifère de Kirkouk, que les Kurdes contrôlent depuis 2014.