#MosqueMeToo : des femmes dénoncent des violences sexuelles lors du pèlerinage de La Mecque
Après #MeToo et #BalanceTonPorc, des centaines de femmes ont utilisé le hashtag #MosqueMeToo contre les agressions sexuelles qui auraient lieu lors du pèlerinage de La Mecque. L'une d'elles dit en avoir été victime alors qu'elle n'avait que 15 ans.
Ces derniers mois, les réseaux sociaux ont été une caisse de résonance de la révolte des femmes face aux violences sexuelles, à travers notamment le hashtag #MeToo ou #BalanceTonPorc. Cette fois-ci, des femmes, pour la plupart musulmanes assumées, ont lancé cette semaine #MosqueMeToo (traduction «Mosquée moi aussi») pour libérer la parole contre des violences sexuelles présumées, qui auraient notamment été perpétrées lors du pèlerinage musulman de la Mecque en Arabie saoudite.
L'initiatrice de ce mouvement est une auteure américano-égyptienne qui se présente comme féministe. Mona Eltahawy atteste avoir été agressée à deux reprises à La Mecque en 1982, alors qu’elle n'était âgée que de 15 ans.
I have been sexually assaulted, twice, during Haj in 1982 when I was 15 yo. My thread is about that, not the FB post (which I believe bec I too have experienced it). Her experience is real & so is mine. It is disgraceful that as a woman you so quickly accuse other women of lying. https://t.co/QgvrgSW9A2
— Mona Eltahawy (@monaeltahawy) February 7, 2018
Suivent alors des centaines de témoignages de musulmanes, affirmant avoir été victimes d'attouchements lors du pèlerinage. L'une affirme notamment avoir «été harcelée sexuellement à 21 ans» dans un endroit [à La Mecque] qu'elle croyait «sacré et sûr». «Cela m'a tellement brisée que je ne m'en suis jamais remise», poursuit-elle.
I was sexually harassed at 21 when I was doing Tawaf, right there in that most sacred place! The fact that it happened there, in that place where it's supposed to be the holiest and safest sanctuary, broke me so bad that I never recovered from it! #MosqueMeToo
— Z R (@ZRaeesy) 9 février 2018
Une autre se souvient qu'elle n'avait que «10 ans». «Je pensais que ma sœur agrippait mes hanches pour ne pas me perdre dans la foule après la prière de Jumaa [prière du vendredi]. Mais ma sœur était à côté de moi et il s'est avéré qu'il ne s'agissait pas des mains de ma sœur. Il n'a pas bougé jusqu'à ce qu'elle lui donne un coup de coude», détaille-t-elle.
I was 10 years old and I thought my sister was gripping my hips as not to lose me in the huge crowd after Jumaa prayer. But my sister was next to me and those turned out to not be my sister’s hands.
— K R (@NewtmasGrape) 9 février 2018
He didn’t move until she elbowed him away.
#MosqueMeToo
Une autre femme se rappelle : «Un jeune homme a touché mon corps juste à côté de Al-Masjid Al-Nabawi [la mosquée du Prophète] à Médine, en Arabie saoudite. J'avais 15 ans et il avait la vingtaine. Je pensais que Médine était une ville sûre, mais j'avais tort. Je n'oublierai jamais et ne pardonnerai jamais.»
a young guy touched my body just next to Al-Masjid Al-Nabawi in Medina, Saudi Arabia. I was 15 years old and he was in his 20s.
— روباهدخت (@rubahdokht) 9 février 2018
I thaught Madina is a safe city, but I was wrong.
I'll never forget and forgive.#MosqueMeToo
De façon plus crue, une internaute avoue qu'«un jour, quelqu'un [lui] a touché les seins et les a pressés». «J'étais choquée. J'ai vu le gars derrière moi et il agissait comme s'il n'avait rien fait puis s'est éloigné [...] J'ai juste pleuré silencieusement. Cela s'est produit à La Mecque», explique-t-elle.
One day, somebody touched my bumps and squeezed. I was shocked. I saw the guy behind me and he pretended doing nothing and moved. I was shocked that what I did just silently cry. It happened in Mecca. #MosqueMeToo
— Anggi Lagorio (@AnggiAngguni) 6 février 2018
Une musulmane souhaite promouvoir la solidarité féminine : «Je soutiens mes sœurs qui ont subi des agressions sexuelles dans des environnements qu'elles pensaient sûrs. Des gens terribles peuvent occuper des lieux saints. C'est révélateur de leur propre caractère. En tant que musulmanes, il est de notre devoir de défendre nos sœurs qui font face à l'injustice.»
I stand with my sisters who've experienced sexual assault in environments they thought would be safe. Terrible people can inhabit holy spaces. It is telling of their own character. As Muslims it is our duty to advocate for our sisters who are facing injustice. #MosqueMeToo
— Hanan (@Onecoldcreative) 7 février 2018
De nombreux récits qui font écho à la publication d'une musulmane, Rayana Khalaf, qui a compilé pour le site StepFeed, plusieurs histoires semblables de femmes, également victimes présumées d'agressions sexuelles à La Mecque. «Alors qu'on pourrait penser qu'ils ne seraient pas capables de faire de telles choses, la réalité est dérangeante», écrit-elle en introduction de son article.
En France, l'ex-salafiste Henda Ayari – plaignante dans l'affaire Tariq Ramadan, accusé de viols – confirme qu'elle a, elle aussi, été témoin de ces agressions lors de son pèlerinage à La Mecque en 2000.
Je confirme ! J'en ai été moi-même témoin lors de mon pèlerinage à La Mecque en l'an 2000...#MosqueMeToo : des musulmanes dénoncent le harcèlement et les agressions sexuels lors du pèlerinage à La Mecque https://t.co/PriYDXF34s via @franceinfo
— Henda Ayari (@Henda_Ayari) 10 février 2018
Lire aussi : Le Mali sous le choc après la diffusion massive d'une vidéo de viol collectif