Plus d'une semaine après le lancement de son opération dans le nord de la Syrie, la Turquie poursuit son offensive contre les milices kurdes tenant des villes de la région et entend étendre ses opérations à la ville de Minbej. Alors que Washington a exhorté Ankara à «la retenue» et demandé que ses opérations militaires «restent d'une portée et d'une durée limitées», les forces kurdes locales ne semblent pas toutes rassurées par la capacité américaine à contenir l'offensive turque.
Dans une interview à l'agence Ruptly, le porte-parole du Conseil militaire de Minbej (qui fait partie des Forces démocratiques syriennes, coalition incluant des combattants des YPG kurdes, alliées des Etats-Unis), Charvane Darwich, assure que «la coordination se poursui[vait] normalement» entre combattants kurdes sur place et Américains. Des soldats américains sont actuellement stationnés dans la ville de Minbej, aux côtés de combattants des YPG.
Néanmoins, un responsable militaire kurde du nom de Khalil interrogé par la même agence, fait entendre un son de cloche différent : «Avec la coalition [arabo-occidentale menée par Washington], en particulier les forces américaines, nous avons rencontré quelques doubles discours [ …] Ce que nous demandons notamment aux Etats-Unis, c'est de tenir les promesses faites aux [Forces démocratiques syriennes], c'est-à-dire de protéger les zones libérées [de Daesh], notamment Afrin qui, comme nous pouvons le voir, lutte héroïquement et farouchement depuis sept jours contre l'occupation turque».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait averti le 26 janvier que la localité de Minbej serait la prochaine cible de l'opération «Rameau d’Olivier», promettant de «nettoyer» la ville des «terroristes». Le lendemain, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, avait appelé les Etats-Unis à retirer «immédiatement» leurs militaires déployés à Minbej et à récupérer les armes fournies aux YPG.
Or, malgré ces tensions diplomatiques sur le dossier kurde, les Etats-Unis ont formulé le souhait de préserver leur alliance avec la Turquie : «Nous pouvons avoir une différence d’opinion sur certaines questions, mais nous sommes des pays alliés», a déclaré Herbert Raymond McMaster, le conseiller à la sécurité nationale du président américain Donald Trump, au conseiller en politique étrangère du chef d'Etat turc, Ibrahim Kalin, au cours d’une conversation téléphonique qui s'est tenue le 27 janvier.