«Plein de b*tes» : des employés de Twitter surveilleraient même les photos privées des utilisateurs
Interrogés en caméra cachée par Project Veritas, des ingénieurs de Twitter ont confié que toute activité sur le site était enregistrée, messages (très) privés compris, pour dresser le profil des utilisateurs et revendre leurs données personnelles.
Après avoir révélé une méthode de censure discrète appliquée par Twitter, le shadowban, qui cible les utilisateurs jugés politiquement incorrects, c'est une autre facette orwellienne de la firme que l'organisation américaine Project Veritas, qui se donne pour mission de révéler des scandales à l'aide d'une caméra cachée, a mis à jour le 15 janvier : la collecte de données personnelles.
Tout vos messages à caractère sexuels, photos de b..., toutes les filles avec lesquelles vous vous êtes amusé, sont sur mon serveur
Interrogé en caméra cachée, Pranay Singh, ingénieur dans l'entreprise, confie ainsi que toutes les données qui ont un jour été publiées sur le site sont scrupuleusement conservées afin de pouvoir dresser le profil le plus complet possible de l'utilisateur, et vendre ces informations à des tiers. «Tout ce que vous envoyez est stocké sur mon serveur. Vous ne pouvez pas l'effacer, c'est déjà sur mon serveur», assure-t-il, martelant que toutes les actions faites par un utilisateur (écrire un message, aimer un contenu,...) «ne disparaissent jamais».
Et l'ingénieur de préciser dans un sourire qu'il en est de même pour les messages privés qu'il est possible de s'envoyer d'un utilisateur à l'autre : «Tout vos messages à caractère sexuels, photos de b*tes, toutes les filles avec lesquelles vous vous êtes amusé, sont sur mon serveur.» Selon lui, un algorithme se charge d'analyser les messages privés dès leur publication, affinant ainsi le profil utilisateur qui sera notamment revendu à des annonceurs.
J'ai vu plus de pénis que j'aurais voulu en voir dans ma vie
«C'est le terrifiant big brother»
Clay Haynes, un autre ingénieur de Twitter piégé par le journaliste, n'y va pas par quatre chemin pour qualifier les pratiques de l'entreprise : «C'est le terrifiant Big brother.»
«J'ai vu plus de pénis que j'aurais voulu en voir dans ma vie», confie-t-il avant d'ajouter laconiquement : «Plein de b*tes.»
Pour Mihai Florea, un ingénieur software de l'entreprise également interrogé en caméra cachée, cette collecte intensive de données n'est ni plus ni moins que le modèle économique de Twitter : «Vous payez avec vos données le droit d'utiliser notre site.» Mais l'ingénieur se veut rassurant : «Nous ne sommes pas aussi terrifiant que Google ou Facebook, mais nous savons des choses...»
Une pratique qui ne se limite d'ailleurs pas aux utilisateurs inscrits sur le site, mais à tous ceux qui le visitent, selon Conrado Miranda, un ancien ingénieur de l'entreprise lui aussi piégé par Project Veritas. Et selon lui, personne n'est jamais vraiment un inconnu pour Twitter même lors de sa première visite sur le site. «Vous laissez bien plus d'informations que vous ne pensez», assure-t-il, expliquant que Twitter fournit des publicités pour d'autres sites et récupère les informations qu'y laissent les utilisateurs.
Dans un communiqué cité par Buzzfeed, un porte-parole de Twitter a nié examiner de façon proactive les messages privés. «Un nombre limité d'employés ont accès à ces informations, à des fins de travail légitime, et nous appliquons des protocoles d'accès stricts pour ces employés», a-t-il assuré.