L’enfant terrible du Premier ministre israélien, Yaïr Netanyahou, multiplie les frasques et les comportements embarrassants – comme la publication sur les réseaux sociaux d'un montage inspiré par une caricature antisémite en septembre dernier.
L'une de ces frasques, datant de 2015, remonte actuellement à la surface, et compromet le chef du gouvernement israélien. Le fils du Premier ministre ne savait pas qu’il était, à ce moment, enregistré. Ses propos, quoi que prononcés sous l'emprise de l’alcool, viennent renforcer les soupçons pesant sur l’homme fort d’Israël, qui fait l’objet de deux enquêtes pour corruption.
Mon père a décroché pour ton père un contrat à 20 milliards de dollars
Sur l’enregistrement audio diffusé sur la deuxième chaîne israélienne le 8 janvier, on peut entendre Yaïr Netanyahou et Ori Maïmon, fils de Kobi Maïmon, milliardaire du secteur gazier et l'un des hommes les plus riches d'Israël, ainsi que Roman Abramov, collaborateur en Israël du milliardaire australien James Packer. Yaïr et Ori discutent gaiement à bord d’une voiture, à Tel Aviv. Tous deux, enivrés, parlent de femmes très vulgairement et se disputent au sujet de la somme de 100 euros.
Yaïr Netanyahou jette alors à son ami : «Mon père a conclu un superbe contrat pour ton père, mec, il s’est battu à la Knesset pour ça mec.» Il poursuit : «Tu pleures pour 400 shekels [environ 100 euros]. Mon père a décroché pour ton père un contrat à 20 milliards de dollars et tu ne peux pas me filer 400 shekels, fils de p... ?». Roman Abramov leur fait alors remarquer qu'une catastrophe se produirait si cette conversation était révélée au grand public...
«Une plaisanterie de mauvais goût», selon Benjamin Betanyahou
Yaïr Netanyahou fait à l'évidence référence à un important accord pour l'exploitation des vastes champs gaziers découverts en Méditerranée quelques années plus tôt, une manne pour Israël. Le père de Nir Maïmon est un actionnaire de premier plan d'Isramco, l'une des compagnies exploitant ces réserves.
Le Premier ministre avait annoncé en août 2015 un accord entre le gouvernement et un consortium israélo-américain pour accélérer la production, ralentie par les résistances à l'établissement d'un monopole qui profiterait aux compagnies aux dépens des consommateurs.
Benjamin Netanyahou a jugé «absurde» l'idée qu'il aurait cherché à favoriser l'homme d'affaires Kobi Maïmon alors qu'il n'avait «aucun contact» avec lui, ne l'avait rencontré qu'une «seule fois il y a environ dix ans» et ignorait les relations entre leurs deux fils. «L'accord finalement entériné en 2016 après des mois de bataille politique et légale est censé rapporter des milliards de shekels à l'Etat et ne désavantage qu'un seul des acteurs de l'exploitation gazière : Kobi Maïmon», a déclaré Benjamin Netanyahou à la presse.
Il ajouté que son fils n'avait pas «la moindre idée» des termes de l'accord, et ses propos étaient «une plaisanterie de mauvais goût» prononcée sous l'emprise de l'alcool. Yaïr Netanyahou lui-même a rapidement présenté des excuses, invoquant lui aussi son état d'ivresse. Quant à l'accord gazier, «il s'agissait d'une blague», a-t-il assuré dans un communiqué.
La famille Netanyahou a en outre accusé le chauffeur de la voiture dans laquelle se trouvaient les jeunes hommes, d'avoir réalisé l'enregistrement.
Vives réactions des détracteurs de Benjamin Netanyahou, déjà visé par deux enquêtes
Les adversaires du Premier ministre se sont emparés de l'enregistrement, dont l'authenticité n'est contestée par personne, pour attaquer à nouveau les avantages consentis à Yaïr Netanyahou – comme une garde rapprochée jusque dans ses virées en boîtes de nuit – et ont confirmé leur suspicion au sujet de cet accord gazier très controversé.
Le chef du parti travailliste Avi Gabbay a parlé sur Twitter d'une «nouvelle tache sur l'accord de gaz». Le parti de gauche Meretz a réclamé des investigations.
Benjamin Netanyahou est déjà visé par deux enquêtes de police (une impliquant des cadeaux de plusieurs dizaines de milliers de dollars et une autre pour trafic d'influence), dont les conclusions sont attendues dans les prochains mois, sinon semaines. Quelques dizaines de milliers de manifestants, intitulant leur rassemblement «marche de la honte», ont déjà manifesté dans un des quartiers huppés de Tel Aviv, pour dénoncer la «corruption» du gouvernement israélien et les lenteurs présumées des enquêtes en cours contre le Premier ministre.