Le projet de loi concernant la limitation des pouvoirs de la police israélienne dans les affaires de corruption a été définitivement adopté dans la nuit du 27 au 28 décembre par une courte majorité au Parlement israélien (59 voix contre 54 sur un total de 120). Désormais, la police ne pourra plus informer le procureur général de l’existence de motifs d’inculpation dans les enquêtes visant les personnalités publiques.
Les députés de l’opposition, qui ont déposé 1 280 amendements et enclenché une véritable opération d’obstruction parlementaire afin de faire échouer ce projet de loi, ont accusé Benjamin Netanyahou de vouloir échapper à la justice. Le Premier ministre israélien, accusé de plusieurs faits de corruption, a soutenu ce projet de loi initié par David Amsalem membre du parti Likoud, dont le Premier ministre est lui-même membre.
Quelques jours avant la promulgation de la loi controversée, Yair Lapid, chef du parti Yesh Atid (centre droit), avait affirmé qu’une telle proposition de la loi était «une abomination» parce qu’elle «subordonn[ait] la démocratie israélienne aux besoins d’un seul homme», en faisant référence à Benjamin Netanyahou.
Il a par ailleurs annoncé, après la proclamation des résultats du vote, qu’une pétition serait soumise à la Haute Cour de justice. «Le texte adopté affecte sévèrement le principe d’égalité devant la loi, selon le texte de la pétition. L’interdiction générale de délivrer des recommandations nuit de manière critique au droit de savoir du public, à la liberté de la presse ainsi qu’à la liberté d’expression» a-t-il déclaré.
Le mécontentement populaire s’accentue
Au cours de ces dernières semaines, des milliers de manifestants ont battu le pavé dans plusieurs villes d'Israël afin de dénoncer ce qu'ils considèrent être la corruption du gouvernement de Benjamin Netanyahou.
Interrogé à plusieurs reprises par la police, ce dernier et son entourage sont visés par deux affaires de corruption, dont une impliquant des cadeaux de plusieurs dizaines de milliers de dollars et une autre pour trafic d'influence. Son épouse Sara Netanyahou fait également l'objet d'une enquête : elle est suspectée d'avoir dépensé 100 000 dollars sur les deniers publics pour son usage personnel.
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