Le ministère de la Culture saoudien va autoriser l'ouverture de salles de cinéma à partir de début 2018, levant une interdiction en vigueur depuis plus de 35 ans contre ces lieux de divertissement. Les autorités vont d'ailleurs commencer à délivrer dès à présent les permis d'exploitation.
Dans le cadre d'un ambitieux plan de réformes soutenu par le prince héritier Mohammed ben Salmane, le gouvernement tente de promouvoir des spectacles et d'autres formes de divertissement dans le royaume, malgré l'opposition des milieux ultraconservateurs.
En effet, l'autorité générale saoudienne du sport a annoncé par un tweet le 29 octobre que les femmes pourraient à présent entrer dans les stades pour assister à des événements sportifs à partir de 2018. Toujours en matière de divertissement, quelques concerts ont eu lieu durant l'été, devant une audience mixte. Et le 6 décembre, pour la première fois de son histoire, le pays a autorisé une femme à se produire publiquement sur scène. La chanteuse libanaise Hiba Tawaji, découverte par l'émission The Voice, a donné un concert à Riyad, au centre culturel Roi-Fadh, devant un parterre de milliers de femmes, dont certaines ont enlevé leur abaya pour acclamer l'artiste.
Dès sa nomination en tant que nouveau prince héritier de la famille al-Saoud, le 21 juin 2017, Mohammed ben Salmane, fils du roi, s'est posé en modernisateur. Le 26 septembre, il donnait l’autorisation aux femmes de conduire, par une décision souveraine qui entrera en vigueur en juin 2018. Pour certains observateurs, il s'agit avant tout d'un moyen de détourner l'attention du très lourd bilan humain au Yémen, où Riyad dirige une coalition contre les rebelles houthis.
Une ouverture encore timide
«Nous n'allons pas passer 30 années de plus de notre vie à nous accommoder d'idées extrémistes, nous allons les détruire maintenant», a décrété, tout sourire, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane devant des investisseurs étrangers réunis au Davos saoudien, à Riyad, le 24 octobre 2017. Le jeune prince de 32 ans a annoncé l’entrée de son royaume dans une nouvelle ère, le retour à un islam «modéré, ouvert au monde».
Mais de nombreux efforts restent à faire pour une réelle ouverture. Le rapport mondial sur l'inégalité entre les sexes publié par le Forum économique mondial en 2012 plaçait l'Arabie saoudite à la 131e place sur 135. Le royaume était l'un des huit pays à n'avoir pas signé la Déclaration universelle des droits de l'Homme lors de son adoption en 1948 et il est aujourd'hui le seul à s'opposer à ce texte.
La peine de mort est toujours de mise pour des délits allant du viol au meurtre en passant par l'adultère (puni de lapidation), mais également pour la sodomie. En 2015, plus de 150 personnes ont été exécutées dans le royaume.