Le conservateur Gavin Williamson, secrétaire d'Etat à la Défense britannique depuis un mois, a choisi la méthode forte contre ses ressortissants djihadistes. Le 6 décembre, il a déclaré dans un entretien au Daily Mail qu’aucun citoyen britannique qui a combattu pour l’Etat islamique ne devait revenir en Grande-Bretagne.
Sur les 800 détenteurs de passeport britannique partis rejoindre les rangs de l’organisation terroriste, 130 ont été tués, 500 sont rentrés et 270 ont survécu aux affrontements en Irak et en Syrie. Comment les empêcher de revenir ? Le nouveau secrétaire d'Etat à la Défense a une réponse implacable : «Très simplement, mon point de vue est qu’un terroriste mort ne peut plus nuire à la Grande Bretagne.» Il ajouté : «Nous devons tout faire pour détruire et éliminer cette menace.»
Estimant que les djihadistes survivants complotent à distance pour organiser des attentats, Gavin Williamson a expliqué : «Nous devons être sûrs, alors qu’ils se dispersent en Syrie et en Irak, de continuer à les traquer.» «Nos forces s’activent à affaiblir et éliminer cette menace, pour s'assurer que ces personnes qui apportent la destruction, la mort, et le sang dans nos rues ne soient pas capables de revenir», a-t-il conclu.
Pour ce faire, le Royaume-Uni mise notamment sur des frappes aériennes qui se sont intensifiées en 2016 et 2017 en Irak et Syrie.
Andrew Parler, à la tête du service de renseignement MI-5, a estimé que la menace terroriste était à son plus haut niveau en Angleterre depuis les début de sa carrière, il y a 34 ans. Mardi 4 décembre, il a informé que les espions anglais ont déjoué neuf attaques terroristes sur le sol britannique depuis un an, qui visaient des sites touristiques, des bâtiments d'Etat, des concerts et des foules.
Les propos du secrétaire d'Etat viennent en réaction à ceux de l’observateur indépendant du terrorisme en Grande Bretagne Max Hill QC. Son rôle est d'informer le public et de nourrir le débat politique sur les lois anti-terroristes au Royaume-Uni, ses rapports étant présentés devant le Parlement britannique. Il a fait une déclaration sur la BBC le 19 octobre qui suggère que les jeunes djihadistes partis en Irak et Syrie par «naïveté» devraient être autorisés à rentrer. Selon lui, ils pourraient être «réintégrés» dans la société, ou s'ils sont reconnus coupables de «crimes», traduits dans «le seul endroit où ils doivent aller», un tribunal.
La France et l'Allemagne face au retour des femmes djihadistes et des familles
Alors que la guerre physique contre l’Etat islamique est en train de prendre fin, les pays européens sont confrontés au retour des djihadistes, et plus particulièrement au cas des femmes et des familles. En Allemagne, le chef du Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV, les renseignements allemands), Hans-Georg Maassen, a estimé dans un entretien accordé au Süddeutsche Zeitung le 3 décembre, que les femmes rentrant de Syrie et d'Irak étaient «si radicalisées» et s'identifiaient «tellement à l'idéologie de Daesh» qu'il était «totalement justifié de les qualifier de djihadistes».
En France, Emmanuel Macron a affirmé le 8 novembre sur France 2 que le retour «pour les femmes et les enfants [...] [serait] du cas par cas, en fonction des situations». «Lorsqu'ils reviennent en France, les adultes sont soumis à la justice française, sont incarcérés, seront jugés», a-t-il expliqué. Les enfants feront l'objet d'un «d'un suivi très particulier, sur le plan médical et psychiatrique», a-t-il en outre avancé. Il avait précisé que certains djihadistes français seraient jugés «avec leur famille, dans certaines circonstances, dans les pays où ils sont, en particulier l'Irak».
Moins diplomate, Florence Parly, ministre française des Armées lors de l'émission Le Grand rendez-vous d'Europe 1, CNews et Les Echos, le 15 octobre, avait affirmé que c'était tant mieux si des djihadistes périssaient dans les combats. Elle comptait «neutraliser le maximum de djihadistes».
Rachida Dati, ancien garde des Sceaux sous la présidence de Nicolas Sarkozy, interrogée lors d’une conférence de presse à nice le 30 octobre, a aussi préconisé l'assassinat ciblé des djihadistes en Syrie et en Irak pour éviter leur retour en Europe.