Lors d'un déplacement de Florence Parly dans la capitale sénégalaise à l'occasion du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, la chaîne de télévision publique France 24 lui a donné la parole, le temps d'une interview diffusée le 15 novembre. La ministre française des Armées a saisi cette occasion pour s'exprimer sur la lutte contre le djihadisme, au Moyen-Orient et en Afrique.
La lutte contre Daesh n'est pas terminée parce que Daesh est d’ores et déjà en train de redéployer son action et de se transformer en une organisation terroriste clandestine
En Irak et en Syrie, l'organisation terroriste «vole de défaite en défaite», rappelle Florence Parly. La membre du gouvernement français précise à ce titre que Daesh a perdu «90% des territoires conquis» – sans évoquer le rôle décisif joué par l'armée syrienne dans la chute de l'Etat islamique, à travers la libération, notamment, des villes de Deir ez-Zor et d'Abou Kamal au cours de ces dernières semaines. Elle avertit cependant que la mouvance djihadiste change actuellement de stratégie : «La lutte contre Daesh n'est pas terminée parce que Daesh est d’ores et déjà en train de redéployer son action et de se transformer en une organisation terroriste clandestine.»
L'Afrique : nouveau front principal de la lutte antiterroriste ?
Concernant l'opération militaire française contre les forces djihadistes au Sahel, Barkhane, Florence Parly explique qu'elle «durera ce qu'elle devra durer, [...] aussi longtemps que nécessaire». La ministre affirme tout l'attachement de la France à une solution impliquant une responsabilité accrue des pays africains : «Il est primordial que ce soit les pays africains concernés qui prennent cette question [de la lutte contre le terrorisme] à bras le corps.»
Ils doivent être capables de vaincre le terrorisme par leurs propres moyens
Pour mémoire, lors d'une visite à Washington le 20 octobre, Florence Parly avait appelé les autorités américaines à renforcer leur soutien aux troupes françaises combattant l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest, laissant présager un déplacement possible de l'épicentre des combats contre Daesh sur le continent africain.
Au nom de la diplomatie française, elle appelait également alors à une solution impliquant les pays de la région, réunis dans le groupe G5 Sahel, pour résoudre les crises armées : «Nous ne pouvons et ne voulons pas être les gardiens de pays africains souverains. Ils doivent être capables de vaincre le terrorisme par leurs propres moyens.»
En ce qui concerne l'implication de l'armée américaine dans la lutte antiterroriste en Afrique, elle semble déjà en passe d'être renforcée. Le 3 novembre, Washington a annoncé avoir mené deux frappes contre Daesh en Somalie, la première opération contre l'organisation terroriste dans ce pays où agissent également les islamistes somaliens shebab, affiliés à Al-Qaïda. En octobre dernier, le général Joseph Dunford, chef d'état-major des armées des Etats-Unis, faisait déjà savoir que Washington envisageait de renforcer sa posture militaire en Afrique. «L'Afrique est l'un des endroits où nous savons que Daesh espère renforcer sa présence», analysait-il alors.