Zimbabwe : l'armée a pris le pouvoir mais assure qu'il ne s'agit pas d'un coup d'Etat

Zimbabwe : l'armée a pris le pouvoir mais assure qu'il ne s'agit pas d'un coup d'Etat Source: Reuters
Char dans les rues de Harare
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Des chars autour du parlement, une vague d'arrestation de ministres, des militaires prenant le contrôle du pays... Si cela ressemble à un coup d'Etat, l'état-major de l'armée du Zimbabwe dément cependant vouloir renverser le président Robert Mugabe.

La confusion règne au Zimbabwe alors que le 15 novembre au matin le pays s'est réveillé dirigé par des militaires. Dans la nuit précédente, plusieurs officiers de l'armée ont en effet investi les studios de la télévision nationale, annonçant avoir lancé une opération contre des «criminels» de l'entourage du président Robert Mugabe.

Officiellement, l'armée dément tout coup d'Etat et assure que le président est «sain et sauf», alors que ce dernier annonçait être «détenu». «Dès que notre mission sera accomplie, nous nous attendons à ce que la situation retourne à la normale», a affirmé le général Sibusiso Moyo à la télévision nationale. «Nous assurons à la Nation que son Excellence le président et sa famille sont sains et saufs et que leur sécurité est garantie», a-t-il ajouté.

Des chars blindés encerclaient pourtant le parlement le 15 novembre au petit matin, dans Harare, la capitale. Le siège de la Zanu-PF, le parti présidentiel, et les bureaux de Robert Mugabe étaient également cernés. Des échanges de tirs nourris ont eu lieu dans la nuit à proximité de la résidence de Robert Mugabe, qui dirige le pays depuis 1980. Dans un communiqué publié dans la nuit, l'ambassade des Etats-Unis au Zimbabwe a d'ailleurs recommandé à ses ressortissants de rester chez eux, «à l'abri», en raison des «incertitudes politiques» en cours.

L'ancien vice-président répudié par Mugabe est rentré au Zimbabwe

Si la confusion règne, plusieurs signes laissent penser que les événements de la nuit du 14 au 15 novembre font suite à la crise politique déclenchée le 6 novembre dernier. Ce jour-là, le vice-président du pays, Emmerson Mnangagwa, que l'on surnomme «le Crocodile», avait été écarté du pouvoir. Ancien patron des renseignements, ministre de la Justice et pressenti comme étant le dauphin de Robert Mugabe, il s'était vu retirer son portefeuille et avait dû fuir le pays pour gagner l'Afrique du Sud.

Le 15 novembre au matin, Emmerson Mnangagwa annonçait son retour au Zimbabwe. Le chef de l'armée, Constantino Chiwenga, est un proche de l'ancien vice-président : après l'éviction de l'ancien vice-président, il avait d'ailleurs évoqué une éventuelle «intervention» de ses troupes, dénonçant une «purge» organisée par le pouvoir.

De nombreux observateurs considèrent donc qu'il s'agit bel et bien d'un coup d'Etat, d'autant que l'armée a d'ailleurs procédé à une série d'arrestations parmi les proches soutiens de Robert Mugabe : le ministre des Finances Ignatius Chombo, le ministre et commissaire politique Saviour Kasukuwere, le directeur-adjoint des services de renseignement Albert Ngulube, ainsi que Patrick Zhuwayo, neveu de Robert Mugabe et chargé du programme d’indigénisation, ou encore Kudzai Chipanga, le président de la ligue des jeunes du parti présidentiel.

Lire aussi : «Qu'ils se pendent à un bananier» : le message haut en couleur du Zimbabwe à l'ambassade américaine

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