24 heures pour éviter un affrontement armé : les tensions entre le Kurdistan et l'Irak au plus haut
- Avec AFP
Bagdad et le Kurdistan irakien se sont donnés une journée de plus pour tenter de résoudre leur crise par le dialogue et éviter un affrontement armé, alors que leurs troupes, massées dans la riche province pétrolière de Kirkouk, se font toujours face.
Dans la matinée du 15 octobre, le président irakien Fouad Massoum, lui-même kurde, doit rencontrer Massoud Barzani, président du Kurdistan autonome, selon un responsable kurde sous couvert de l'anonymat.
Des hauts responsables de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), le parti de Fouad Massoum, grand rival du Parti démocratique kurde (PDK) de Massoud Barzani, devraient également participer à cette réunion qui se tiendra dans la province de Souleimaniyeh, fief de l'UPK à l'est de Kirkouk.
Face à face tendu
Alors que les politiques tentent de reprendre le dialogue, des milliers de soldats irakiens et des peshmergas continuent de se faire face dans la province de Kirkouk, située au nord de Bagdad.
Les troupes, qui disent désormais attendre les ordres de leurs commandements, ont obtenu un nouveau délai de 24 heures, selon le responsable kurde.
L'Irak exige de reprendre le contrôle des positions prises par les peshmergas, les combattants kurdes, dans la foulée de la débâcle de l'armée et de la police irakienne face à la percée fulgurante du groupe Etat islamique en juin 2014.
Outre des bases militaires, les combattants de la région, qui bénéficient depuis 1991 d'une autonomie étoffée au fil des années, se sont également emparés d'infrastructures et de champs pétroliers dans la province de Kirkouk, qui dépend des autorités centrales de Bagdad mais qu'Erbil revendique.
Ultimatum
Les forces gouvernementales et paramilitaires irakiennes avaient laissé aux peshmergas jusqu'au milieu de la nuit du 13 au 14 octobre pour s'en retirer, d'après les responsables kurdes.
La #Russie défend un #Irak uni et appelle au dialogue après le référendum au #Kurdistan
— RT France (@RTenfrancais) 27 septembre 2017
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Une fois ce délai expiré, combattants, habitants et responsables politiques disaient redouter le pire. Dans la nuit, des civils kurdes s'étaient massés dans la ville de Kirkouk, armes à la main, tandis que leur gouverneur, Najm Eddine Karim, limogé par Bagdad mais qui reste à son poste, prévenait : «Les habitants aideront les peshmergas [...] nous ne laisserons aucune force armée pénétrer dans notre ville.»
Jusqu'à présent, les forces irakiennes n'ont pas lancé les hostilités, se contentant de progresser et de reprendre certaines bases désertées peu avant par les peshmergas. Leur objectif n'est pas la ville de Kirkouk, affirment même les autorités à Erbil, précisant qu'elles veulent reprendre les champs pétroliers, une base militaire et un aéroport mitoyen.
De son côté, Bagdad répète ne pas vouloir mener de guerre, mais assure qu'il est de son devoir de reprendre les zones sous contrôle des autorités centrales aux peshmergas, qui ne répondent qu'aux autorités kurdes.
En outre, Bagdad, dont le budget est grévé par la chute des cours du pétrole et trois années de combat contre Daesh, entend reprendre la main sur les 250 000 barils de pétrole par jour que produisent trois champs de la province de Kirkouk ; Khormala, pris par les Kurdes en 2008 ; et Havana et Bay Hassan, pris en 2014.
Le Kurdistan, dont la situation économique reste précaire, pourrait, lui, lourdement pâtir de la perte de ces champs qui assurent 40% des exportations pétrolières de cette région autonome.
Bagdad, en crise ouverte avec Erbil depuis la tenue le 25 septembre de son référendum d'indépendance sur son territoire mais également dans des zones disputées, notamment Kirkouk, a récemment multiplié les mesures économiques et judiciaires pour faire plier les autorités du Kurdistan.
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