Japon : le vice-Premier ministre estime que Hitler avait de «bonnes raisons»... puis se rétracte
Lors d'un séminaire réunissant des parlementaires de son parti, Taro Aso a cité comme exemple l'Allemagne hitlérienne. Face à la polémique suscitée au Japon et au-delà, le vice-Premier ministre japonais a retiré ses propos et tenté de se justifier.
Taro Aso, ministre japonais des Finances et vice-Premier ministre, a soulevé un tollé en procédant à une sulfureuse référence historique au IIIe Reich. «Hitler, qui a tué des millions de gens, avait tort, même s'il avait de bonnes raisons», a-t-il argumenté le 29 août 2017 lors d'un séminaire politique devant plusieurs députés de son parti, selon l'agence de presse japonaise Kyodo. Le ministre japonais, qui n'en est pas à sa première déclaration polémique, entendait ainsi illustrer son idée selon laquelle de mauvaises décisions peuvent être prises à cause de bonnes motivations.
Mais le «point Godwin» n'a pas échappé aux médias, la polémique dépassant largement les frontières de l'archipel nippon. Aux Etats-Unis, le centre Simon Wiesenthal a fait part de son indignation. «Il s'agit juste du dernier en date d'une longue listes de dérapages, lesquels sont tout simplement dangereux», a ainsi condamné le rabbin Abraham Cooper, doyen associé de cette association de lutte contre l'antisémitisme et de recherche sur l'Histoire du génocide juif.
Deux touristes chinois arrêtés par la police pour un salut #nazi devant le Parlement allemand #Allemagne
— RT France (@RTenfrancais) 6 août 2017
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Aussi, face à la controverse, Taro Aso s'est rétracté ce 30 août, et a tenté de se justifier. «Si vous prenez mes commentaires dans leur ensemble, il est clair à travers mes propos, que ma perception de Hitler est extrêmement négative et que ses motivations étaient erronées», a-t-il plaidé.
Précédent en 2013
Taro Aso n'en est pas à son coup d'essai en la matière. En 2013, il avait suscité une autre polémique en faisant référence à l'Allemagne hitlérienne à l'occasion du débat sur la révision de la constitution pacifiste du Japon, qui limite la puissance militaire du pays. «La Constitution de l’Allemagne de Weimar a été discrètement remplacée par celle de l’Allemagne nazie... Pourquoi ne pas s’inspirer de leur tactique ?», avait-il alors fait valoir.
Le vice-Premier ministre semble toutefois ne pas être le seul à faire une telle lecture de l'histoire au Japon. En juin 2017, un membre éminent du conseil d'administration de la Banque centrale du Japon avait ainsi qualifié d'«appropriées» et de «merveilleuses» les politiques économique et monétaire d'Adolf Hitler. «Les élites du Japon ont besoin d'être éduquées au sujet de l'Holocauste nazi», avait jugé, à l'époque, le centre Simon Wiesenthal.